Comment appréhender les liens qui se tissent entre un enfant et la famille à laquelle il est confié ? Cette question traverse les contributions, émaillées d’œuvres d’artistes autour de l’abandon, qui sont réunies dans cet ouvrage par Nathalie Chapon, chercheuse en sciences de l’éducation. Même si la notion de « famille d’accueil » est relativement récente, élever dans sa famille d’autres enfants que les siens, sans les adopter, est une pratique qui a quasiment toujours existé, rappelle Yvonne Knibiehler, historienne. Aujourd’hui, « la parentalité d’accueil » est fermement implantée dans le paysage de la protection d’enfance, mais elle a du mal à être reconnue comme telle, explique le sociologue Gérard Neyrand. Ainsi l’appellation de « parents d’accueil » est-elle déniée aux assistantes et assistants familiaux. Ces derniers mettent pourtant en œuvre « une fonction de type parental de soin et d’éducation » au travers de pratiques et d’affects habituellement caractéristiques des parents – avec « une distance toute professionnelle destinée à éviter ce qui est considéré comme la confusion des genres », précise Gérard Neyrand. Pointant cette « ambivalence sournoise et constante » entre affection et professionnalisation, Nathalie Chapon invite à ne pas penser la place des adultes qui entourent un enfant en termes d’alternative, mais de complémentarité – voire de coparentalité. L’enfant accueilli se construit avec ses deux familles, souligne-t-elle, toutes deux importantes pour son développement, « l’une d’accueil avec qui il partage son quotidien, et l’autre d’origine avec laquelle il partage des moments de vie adaptés à la situation parentale ».
Parentalité d’accueil et mémoire
Sous la direction de Nathalie Chapon – Ed. Presses universitaires de Provence – 12 €