Avec un niveau de vie inférieur à 910 € par mois en 2012, la moitié des personnes vivant dans un ménage bénéficiaire de minima sociaux disposent pour vivre d’un revenu inférieur à 500 € par mois une fois déduites leurs dépenses « pré-engagées », voire inférieur à 330 € en décomptant les dépenses alimentaires. C’est ce qu’indique la direction de la recherche, des études, de l’évaluation et des statistiques (DREES) dans une enquête publiée le 21 décembre(1).
« Loyers, remboursements d’emprunts, factures d’eau et d’énergie, assurances, abonnements aux services de télécommunication, frais scolaires ou universitaires… Les Français consacrent un tiers de leur revenu disponible à ces dépenses dites “pré-engagées” », explique la DREES, en précisant que « cette part s’élève à 42 % pour les ménages bénéficiaires de revenus minima garantis » – revenu de solidarité active (RSA), allocation de solidarité spécifique (ASS), allocation aux adultes handicapés (AAH), minimum vieillesse. Dans cette étude, elle s’attache donc à mesurer le « revenu arbitrable par unité de consommation », soit ce qu’il reste pour consommer et épargner une fois déduites ces dépenses, en s’appuyant sur son enquête « Bénéficiaires de minima sociaux 2012 », comparativement à l’enquête « Budget de famille 2011 » de l’INSEE.
Le principal poste de dépenses est le logement (y compris les remboursements d’emprunts immobiliers), qui représente 29 % du budget des plus précaires contre 19 % pour la moyenne nationale, suivi des remboursements d’emprunts (hors logement), des frais bancaires, des cotisations aux assurances autres que la complémentaire santé, des abonnements aux services de télécommunications (Internet, téléphone, télévision), etc. Les dépenses alimentaires – qui ne font pas partie des dépenses « pré-engagées » – représentent près du tiers (31 %) du revenu arbitrable des bénéficiaires de minima sociaux, soit dix points de plus qu’en population générale. Viennent ensuite les frais liés aux transports, à la garde d’enfants, aux services à domicile, et les transferts vers d’autres ménages (pensions alimentaires, notamment).
Au final, la part du revenu disponible consacrée, en 2012, aux dépenses « pré-engagées » oscille entre 44 % et 47 % du budget des allocataires du RSA et atteint 45 % pour les allocataires de l’ASS. Elle se situe à 37 % et 36 % pour le minimum vieillesse et l’AAH. En effet, « la distribution du niveau de vie des bénéficiaires de revenus minima garantis dépend fortement de la prestation perçue, en lien étroit avec les différences de barème et d’assiette de ressources. On retrouve ainsi aux extrémités, d’un côté, les bénéficiaires de l’AAH, dont le montant forfaitaire est le plus élevé et dont la base ressources est la plus étroite grâce à de multiples abattements, et, de l’autre, les bénéficiaires du RSA “socle” non majoré, dont les montants forfaitaires sont les plus faibles et dont l’assiette de ressources est la plus large. » C’est ainsi qu’en 2012, précise la DREES, « la moitié des bénéficiaires de l’AAH ont un niveau de vie supérieur à 1 210 € mensuels, alors que les trois quarts des bénéficiaires du RSA “socle” disposent de moins de 970 € par mois ». Sans oublier l’impact de la configuration familiale. En 2012, les dépenses « pré-engagées » représentent 51 % du budget pour les personnes seules, 44 % pour les familles monoparentales et 39 % pour les couples avec enfants.
(1) « Entre revenu disponible et dépenses pré-engagées : combien reste-t-il aux bénéficiaires de revenus minima garantis ? » – Les Dossiers de la DREES n° 11 – Décembre 2016 – Disponible sur