Le syndrome du petit pois… Pour comprendre ce titre un peu énigmatique, il faut attendre les toutes dernières pages du nouveau roman graphique de Domas. Dans cette histoire en noir et blanc, parfois en rouge, il est surtout question d’une mère et de son fils, et du moment où leurs rôles s’inversent. Max est dessinateur de BD. Il vit avec Coquillage. Ils ont une petite fille et en attendent une seconde. On apprend au début du roman que la mère de Max, femme forte et indépendante, est atteinte du syndrome de Benson. Son cerveau « rétrécit », explique son fils, et, petit à petit, elle perd ses repères et ses souvenirs. Ce déclin inéluctable s’entremêle dans le quotidien de Max avec son rôle de père, sa vie sentimentale et ses projets créatifs dans le monde de la bande dessinée et du théâtre. Histoire d’amour filial, Le syndrome du petit pois est aussi, en filigrane, un beau témoignage sur la difficulté de prendre en charge une personne âgée qui glisse progressivement vers la dépendance, d’être ce que l’on appelle un « aidant » : « Promenade, dîner, activité, coucher. Discussions répétitives et d’une simplicité extrême. Patience. » Au fil des mois, Max doit ainsi faire le deuil de cette mère qu’il a connue et accepter d’accompagner cette femme à la fois fragile et épuisante. Sans compter la culpabilité de ne pas être assez présent et de devoir accepter, finalement, de la placer dans un établissement spécialisé. Un livre qui fait pénétrer le lecteur à la fois dans le quotidien de Max, de sa famille, de ses amis, et dans ses angoisses et pensées intimes.
Le syndrome du petit pois
Domas – Ed. La Boîte à Bulles – 28 €