Une action de plaidoyer « pour un travail social au service des droits fondamentaux des adultes et des enfants ». C’est la démarche engagée par DEI (Défense des enfants International)-France et le Groupement pour la défense du travail social (GPS) de Toulouse(1), qui appellent les travailleurs sociaux, formateurs, universitaires, personnes accompagnées, réseaux et associations à la rejoindre. Leur constat est celui de l’absence de réponses adaptées et d’une souffrance professionnelle partagée : les « droits humains – ceux des enfants, mais aussi ceux de leurs parents, et plus généralement ceux de trop nombreuses personnes amenées à solliciter de l’aide auprès des services sociaux – sont souvent ignorés ou oubliés, alors qu’ils devraient être au fondement de leur accompagnement social ».
Le texte, issu d’un travail collectif et déjà signé par plus de 20 acteurs de terrain, formateurs, magistrats et autres experts, invite à orienter le plan d’action en faveur du travail social et du développement social à partir des droits fondamentaux de l’Homme et de l’enfant. Il demande au gouvernement d’inscrire ces derniers « au cœur de la réforme et à donner aux professionnels, en lien avec tous les acteurs de la société civile, les moyens d’accompagner les personnes vers leur exercice ». Alors que, « depuis la loi de lutte contre les exclusions de 1998, le code de l’action sociale et des familles inscrit comme impératif national “l’accès de tous à l’ensemble des droits fondamentaux”, l’action du travail social pour le rendre effectif n’a fait l’objet d’aucune évaluation, ni provoqué aucun débat », estiment les signataires.
Dans leur plaidoyer, ils réclament que soit donné au travail social « un vrai projet politique garanti par la formation et la protection juridique des professionnels ». Ce qui implique que la connaissance des droits fondamentaux « irrigue la pensée et [leurs] pratiques » et servent ainsi de « références à l’action ». Pour l’heure, poursuit le texte, les recommandations des institutions – Comité des droits de l’enfant de l’ONU, Commission nationale consultative des droits de l’Homme, défenseur des droits… – « réclamant ces formations sont restées lettre morte »(2). Mais il est aussi nécessaire, poursuit le plaidoyer, d’« accroître l’efficacité du travail social par la maîtrise de procédures juridiques complexes, mais indispensables à la mise en œuvre des dispositifs sociaux et par l’utilisation de tous les moyens du droit, y compris le droit au recours ». Evoquant « les consignes hiérarchiques de certaines collectivités locales demandant à leurs agents de ne pas aider à l’instruction des dossiers DALO [droit au logement opposable] », les signataires veulent aussi « faire gagner au travail social une nouvelle identité par l’engagement dans une mission à l’utilité clairement identifiée, protégée juridiquement, au service de tous ». Une culture commune qui favoriserait les décloisonnements institutionnels et les partenariats. « Appréhender le travail social par les droits fondamentaux, c’est sortir de la culture de l’aide individuelle à la personne vulnérable pour aller vers la reconnaissance de la personne – enfant ou adulte – comme sujet de droit », soulignent-ils.
(1) Contact DEI-France :
(2) Un projet européen de SOS Villages d’enfants, qui a déjà permis de former 900 professionnels, mené avec la CNAPE (Convention nationale des associations de protection de l’enfant), le défenseur des droits et le CNFPT (Centre national de la fonction publique territoriale), a été lancé dans l’objectif de tenir compte des droits de l’enfant dans les pratiques de protection de l’enfance – Voir ASH n° 2983 du 11-11-16, p. 13.