Recevoir la newsletter

L’illettrisme peut peser sur le non-recours à la CMU-C, selon une étude du Fonds CMU

Article réservé aux abonnés

Les situations d’illettrisme ont une influence sur le non-recours à la couverture maladie universelle complémentaire (CMU-C), constate une étude publiée récemment par le Fonds CMU(1), à partir des résultats d’une enquête menée auprès de populations précaires sans complémentaire santé, en partenariat avec la Croix-Rouge française et l’Agence nationale de lutte contre l’illettrisme (ANLCI). Le taux de non-recours à la CMU-C en métropole se situe environ entre 23 et 36 % en 2014, rappellent ses auteurs, qui estiment à entre 1,5 et 3 millions le nombre de personnes concernées. Or, selon l’étude réalisée par l’Observatoire des non-recours aux droits et services (Odenore), plus d’une personne interrogée sur cinq (22,1 % des 181 répondants de l’échantillon) est touchée par l’illettrisme. Les démarches à réaliser pour obtenir la CMU-C constituent dans leur cas un tel obstacle à son obtention qu’elles renoncent à solliciter ce dispositif, auquel elles sont pourtant éligibles.

Les réponses traitées proviennent de départements qui figurent parmi les plus touchés par la pauvreté et sont situés dans les neuf « anciennes régions » d’implantation des 27 structures de formation continue ou d’insertion par le travail de l’ANLCI et des 15 centres de distribution alimentaire ou accueils de jour de la Croix-Rouge qui ont participé à ces travaux (Languedoc-Roussillon, Ile-de-France, Auvergne, Pas-de-Calais, Centre, Rhône-Alpes, Alsace, Basse-Normandie, Picardie).

L’échantillon étudié est constitué majoritairement d’hommes (56,5 %). Un quart des répondants a entre 18 et 25 ans (24 %) ou entre 26 et 35 ans (25,1 %), les plus de 60 ans sont les moins représentés (1 %). Par ailleurs, 78,5 % des participants déclarent vivre seuls et 68,4 % n’ont pas d’enfant à charge. Un constat qui a « son importance », selon les auteurs du rapport, puisqu’il « renvoie à des « facteurs d’activation » du non-recours » déjà mis en avant par d’autres travaux. En effet, les personnes vivant seules sont « souvent surreprésentées dans les populations de non-recourants ». Par ailleurs, environ un tiers de l’effectif ignore l’existence de cette prestation, alors qu’un peu plus de la moitié des participants à l’étude connaît la CMU-C et a même pu – pour deux tiers d’entre eux – la demander dans le passé, rapporte l’Odenore. Plusieurs raisons sont avancées pour expliquer le non-recours de ceux qui connaissent la CMU-C. Les motivations sont multiples. Elles peuvent être volontaires : éviter une complémentaire perçue comme non performante, se satisfaire d’une prise en charge à 100 % du fait d’une affection de longue durée (ALD), accorder peu d’importance à la complémentaire, éviter des démarches administratives… Ou involontaires : être indifférent à sa santé par « déni des besoins » dans le cas des personnes « à la rue », se trouver dans un état psychologique qui rend difficile la réaction à la perte du statut d’ayant droit, etc.

Particulièrement exposés au non-recours, et surreprésentés dans l’échantillon, « bon nombre de jeunes peuvent se retrouver [dans le flou] alors qu’ils ne sont plus ayants droit de la complémentaire de leurs parents ou de l’un des deux ». S’ils paraissent davantage que les autres en mesure de trouver seuls les informations nécessaires, ils semblent moins en mesure d’agir par eux-mêmes. « Les initiatives visant à étendre la CMU-C aux jeunes de moins de 25 ans de façon la plus automatique qui soit seraient une avancée importante », estiment les auteurs.

En outre, « rencontrer parfois un travailleur social ne préserve pas nécessairement du non-recours », révèle l’enquête, qui soulève la question « de la possibilité d’une recherche généralisée, sinon systématique des droits potentiels ». L’Odenore suggère, pour mieux prévenir le non-recours à la CMU-C, d’intervenir notamment sur trois niveaux : la communication publique, le repérage des situations de non-recours par les acteurs opérationnels et l’intervention sociale individualisée (voir aussi notre « Rencontre » avec l’animateur de l’Odenore, le chercheur Philippe Warin, ce numéro, page 32).

Notes

(1) « Le non-recours à la couverture maladie universelle complémentaire, enquête auprès de populations précaires » – Catherine Chauveaud, chargée d’études à l’Odenore, et Philippe Warin, directeur de recherche au CNRS, Université Grenoble-Alpes – Laboratoire PACTE/Odenore – Disponible sur www.cmu.fr.

Côté terrain

S'abonner
Div qui contient le message d'alerte
Se connecter

Identifiez-vous

Champ obligatoire Mot de passe obligatoire
Mot de passe oublié

Vous êtes abonné, mais vous n'avez pas vos identifiants pour le site ?

Contactez le service client 01.40.05.23.15

par mail

Recruteurs

Rendez-vous sur votre espace recruteur.

Espace recruteur