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Un corps usé et souvent douloureux

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Une large part de ce rapport de recherche est consacrée à l’état de santé des personnes âgées en détention, souvent plus dégradé qu’à l’extérieur.

Entre une minorité de personnes à la forme physique excellente et une autre en situation de dépendance, la plupart des détenus âgés rencontrés dans cette étude font état d’une santé fragile, marquée par un cumul de problèmes physiques. Les maux dont ils souffrent ont principalement quatre origines : un parcours de vie précaire, des accidents survenus des années auparavant (accident du travail, de voiture, de moto…), des maladies (actuelles ou passées), et l’avancement en âge. Au-delà de la diversité des pathologies rencontrées (maladies cardiaques ou respiratoires, diabète, arthrose, symptômes dépressifs, hypertension, surpoids, symptômes de dégénérescence neurologique), les personnes sont très nombreuses à faire part de douleurs physiques importantes. Elles évoquent également des problèmes de vue, d’audition, de dentition ou de prostate.

Vulnérabilité accrue

Si les pathologies observées en prison ne sont pas spécifiques, elles apparaissent toutefois plus précocement et sont sensiblement plus aiguës qu’à l’extérieur. Pour autant, les détenus s’efforcent de faire avec ce corps usé et souvent douloureux sans solliciter autrui afin de ne pas entacher leur fierté, déjà largement malmenée par l’épreuve judiciaire et carcérale. « Se déplacer avec une canne ou une béquille conduit à afficher une vulnérabilité qui peut aussi, dans le contexte carcéral où règne la loi du plus fort, mettre en danger », relève l’étude.

L’épreuve judiciaire et les conditions de vie en détention expliquent aussi la majoration des problèmes de santé éprouvés par les détenus de 50 ans et plus. Le stress lié à leur mise en examen, les angoisses suscitées par le placement en garde à vue puis en prison, les conditions de vie éprouvantes dans les établissements pénitentiaires ou encore les ruptures familiales et sociales qui surviennent au cours de l’incarcération participent d’une exacerbation des pathologies.

Le manque de confort en cellule aggrave les douleurs, comme le souligne Claire, personnel médical en maison d’arrêt : « Un patient âgé qui a mal au dos, une chaise en plastique, cela ne va pas. Et puis le lit n’est pas confortable. Ils n’ont pas le droit aux oreillers, ils sont mal couchés. Ce n’est pas du tout adapté à des patients qui ont des problèmes de dos, de cou, qui ont de l’arthrose de partout, et qui sont très, très douloureux. »

Les professionnels de santé pointent également le manque d’exercice physique, particulièrement en maison d’arrêt. « Les détenus les plus âgés sont dans une posture de quasi-immobilité au cours de leur incarcération. Plus la détention est longue, plus cette sédentarité est susceptible d’être préjudiciable pour leur santé. » Les régimes alimentaires apparaissent également peu adaptés aux besoins corporels spécifiques des personnes avançant en âge, surtout quand elles ont certaines pathologies. Enfin, le manque d’accès à des spécialistes de la santé pénalise les plus âgés.

Malgré ce sombre tableau, quelques détenus, souvent incarcérés depuis de nombreuses années, assurent que la prison les a protégés de certaines formes de vieillissement. De même, quelques professionnels de santé soulignent que la prison représente parfois une occasion de soigner des publics qui n’en auraient pas eu l’occasion dehors ou de constater une amélioration de leur condition physique en raison de la limitation de leur consommation d’alcool ou de drogues.

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