En France, fin 2013, 8 % des personnes âgées de 60 ans ou plus percevaient l’allocation personnalisée d’autonomie (APA), soit 1,2 million de bénéficiaires, selon l’Institut national de la statistique et des études économiques (INSEE), qui vient de publier une enquête sur ce sujet(1). Parmi les personnes percevant l’APA, 59 % vivent à domicile et 41 % en établissement. Par ailleurs, « neuf bénéficiaires sur dix ont 75 ans ou plus, la dépendance survenant plutôt à des âges élevés », ceux vivant en établissement étant plus âgés : les deux tiers ont 85 ans ou plus contre 50 % des bénéficiaires vivant à domicile.
Quant aux dépenses brutes, elles s’élevaient à 3,3 milliards d’euros pour l’APA à domicile et à 2,2 milliards d’euros pour l’accueil en établissement. Depuis 2008, ces montants ont augmenté de 10 %, tandis que, dans le même temps, le nombre de bénéficiaires progressait de 11 % (+ 9 % à domicile et + 15 % en établissement). « Les dépenses d’APA en établissement augmentent presque deux fois plus rapidement que le nombre de leurs bénéficiaires, traduisant une forte hausse de la dépense moyenne par bénéficiaire, indique l’INSEE. Avec 4 400 €, [la] dépense annuelle moyenne par bénéficiaire de l’APA en établissement rejoint, en 2013, celle de l’APA à domicile. »
Le taux de bénéficiaires de l’APA fin 2013 s’élevait à 21 % en moyenne, avec des écarts selon les territoires : il dépasse 25 % dans trois départements des Hauts-de-France (Pas-de-Calais, Aisne et Somme) et dans les Ardennes et est également élevé dans de nombreux départements du Sud (33 % en Haute-Corse et plus de 28 % dans l’Aveyron, la Lozère et l’Hérault). Il est aussi particulièrement important dans les départements d’outre-mer, atteignant notamment 40 % à La Réunion. « Dans les départements du Sud de la France, où le taux de bénéficiaires de l’APA est de plus d’un quart, le taux de pauvreté des personnes de 75 ans ou plus est systématiquement plus élevé que la moyenne (9 % pour la France métropolitaine), note en outre l’INSEE. Ainsi, la part des personnes de plus de 75 ans pauvres est supérieure à 15 % dans la Creuse, le Gers et la Lozère. Elle atteint même 21 % en Haute-Corse. » L’organisme de statistique avance plusieurs hypothèses pour expliquer ce lien entre pauvreté et recours à l’APA : la santé, plus souvent fragile, des personnes pauvres, le fait que les revenus de la personne déterminent le montant de l’APA même si l’allocation n’est pas soumise à condition de ressources ou encore des différences de composition de la population des personnes âgées entre départements. Ces relations ne sont cependant « pas systématiques » : par exemple, les départements de la Haute-Garonne ou de l’Hérault comptent de nombreux bénéficiaires de l’APA, alors que les taux de pauvreté des personnes de 75 ans ou plus se rapprochent de la moyenne nationale.
Si l’on distingue l’APA à domicile de l’APA en établissement, dans le premier cas, le taux de bénéficiaires varie de 6 % à 37 % selon les départements, avec une moyenne de 12 %. Les départements qui comptent le plus d’allocataires vivant à domicile ont souvent un taux d’équipement en services de soins infirmiers à domicile supérieur à la moyenne française. Pour l’APA en établissement, le taux de bénéficiaires est de 8 % en moyenne, avec des variations de 3 % à 16 % selon les départements. « Il est moins élevé dans le Sud, l’Ile-de-France et la Corse, et très faible dans les DOM. En revanche, il est plus élevé dans les départements de l’Ouest de la France, en Bourgogne, et dans le Centre-Sud. Ces départements où les bénéficiaires de l’APA en établissement sont nombreux sont ceux qui offrent le plus d’hébergements pour personnes âgées. »
En appui de ces données nationales, l’INSEE a publié, dans sa collection INSEE Flash, neuf études régionales, apportant chacune un éclairage différent, selon les spécificités territoriales. Par exemple, celle consacrée au Grand Est met en lumière que dans cette région « la géographie de l’APA ne coïncide pas avec celle de la pauvreté ». La publication dédiée à la région Ile-de-France a centré son analyse sur le fait que « de plus en plus de Franciliens dépendants [sont] soignés à domicile ». L’étude réalisée dans les Pays de la Loire met quant à elle en exergue que six bénéficiaires de l’APA sur dix vivent en établissement, tandis que dans les territoires de La Réunion et de Mayotte, la dépendance est « plus précoce et plus coûteuse ».
(1) INSEE Focus n° 71 – Disponible sur