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Les personnes séropositives sont deux fois plus discriminées, selon une étude d’AIDES

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Les personnes séropositives « restent l’objet d’attitudes et de pratiques discriminatoires qui touchent tous les domaines de leur vie quotidienne : sphère affective, relationnelle et sexuelle, milieu médical, milieu professionnel… », souligne AIDES, en préambule de son dernier rapport, présenté le 30 novembre – veille de la Journée mondiale de lutte contre le sida – et consacré aux discriminations dont sont victimes les personnes vivant avec le VIH ou une hépatite. Pour rédiger ce document, auquel le défenseur des droits a contribué, AIDES s’est appuyée sur l’enquête VHV (« VIH, hépatites et vous »), réalisée en mars dernier auprès de 1 080 personnes fréquentant les accueils de l’association et/ou bénéficiant de ses actions(1).

Celle-ci révèle que les personnes touchées par le VIH ou une hépatite sont deux fois plus discriminées que le reste de la population : 30 % déclarent avoir été victimes de discriminations au cours des 12 derniers mois, « un taux particulièrement élevé si on le compare à celui observé en population générale » (16 % dans l’enquête Eurobaromètre, réalisée en 2012). « Pour les personnes vivant avec le VIH, la séropositivité apparaît clairement comme le principal motif de discrimination », indique AIDES : 80 % font un lien direct entre leur infection et les discriminations subies. Si celles-ci sont de nature diverse (refus d’un service ou d’un droit, évitement, attitudes humiliantes, propos insultants, jugements moraux…) et « résultent à chaque fois des mêmes mécanismes » (méconnaissance de la pathologie, préjugés…), « c’est incontestablement dans la sphère affective et sexuelle » qu’elles sont les plus nombreuses, 49,1 % des personnes séropositives au VIH et 63,6 % des personnes séropositives aux hépatites déclarant « avoir été victimes de rejet dans un contexte sexuel ». La sphère familiale ou amicale constitue le deuxième domaine de discrimination le plus important (43,6 % des personnes vivant avec le VIH concernées et 36,4 % des personnes vivant avec une hépatite).

Autre constat, « paradoxal », selon AIDES : « le milieu de la santé reste l’un des principaux terrains de discriminations », qu’il s’agisse de refus de soins directs ou déguisés, de traitements différenciés, du non-respect de la confidentialité ou du secret médical, d’attitudes humiliantes… Près d’un quart des personnes vivant avec le VIH et 27,3 % des personnes vivant avec une hépatite ayant subi des discriminations ont été victimes de telles pratiques lors des 12 derniers mois. Parmi elles, « les refus de soins constituent la forme la plus grave et la plus délétère » pour leur santé, car ils « génèrent des ruptures dans la continuité de la prise en charge, et sont d’autant plus inacceptables qu’ils touchent des personnes déjà vulnérables ». Selon les résultats de l’enquête VHV, 10,2 % des répondants déclarent avoir été confrontés à des refus de soins au cours des 24 derniers mois, un taux « très proche de celui constaté dans l’enquête ANRS-VESPA2 (11,6 %), ne laissant guère de doutes sur la réelle ampleur de ces pratiques[2]. Sans surprise, ce sont les dentistes les plus fréquemment cités dans les cas de refus de soins recensés dans VHV. » Autant de discriminations qui « pèsent sur la qualité de vie des personnes vivant avec le VIH », et dont la répétition peut les conduire « à des réactions d’auto-exclusion ».

L’enquête VHV montre également que les publics séronégatifs le plus souvent victimes de discriminations (en raison de leur origine, de leurs pratiques, de leur orientation sexuelle…, mais aussi de leur précarité sociale) sont les plus exposés au risque d’infection. Par exemple, « 80 % des hommes ayant des relations sexuelles avec d’autres hommes interrogés dans VHV déclarent avoir subi des discriminations en raison de leur orientation sexuelle au cours des 12 derniers mois », indique le rapport. Pour nombre de bénéficiaires des actions de l’association, « discriminations et inégalités sociales se cumulent », créant un « cocktail explosif pour les personnes concernées : elles les éloignent de la prévention et du soin, affectent leur accès aux droits et, in fine, aggravent de façon significative leur vulnérabilité au VIH et aux hépatites ».

Enfin, AIDES met en lumière une autre « discrimination majeure » : le coût très élevé des traitements efficaces contre l’hépatite C. En France, des milliers de personnes vivant avec cette maladie n’y ont, à ce jour, toujours pas accès. « De nouvelles molécules, sur le marché européen depuis 2014, offrent pourtant des taux de guérison très élevés (90 %) avec très peu d’effets indésirables », rappelle le rapport. Ecueil, de taille : il faut compter 41 000 € pour trois mois de traitement. Une « aberration en santé publique » dénoncée depuis deux ans par un collectif interassociatif dont AIDES fait partie aux côtés, notamment, de Médecins du monde. Leur combat serait en passe d’être gagné, puisqu’en mai dernier, la ministre de la Santé, Marisol Touraine, a annoncé « l’accès imminent de tous-tes les malades à ces nouveaux traitements », se félicite l’association. Avant de souligner que cette victoire n’a cependant « pas réglé l’origine structurelle du problème », à savoir des « tarifs négociés dans la plus grande opacité entre industriels et pouvoirs publics, sans aucun contrôle démocratique ».

Notes

(1) En ligne sur www.aides.org.

(2) L’ANRS est l’Agence nationale de recherches sur le sida. L’enquête ANRS-VESPA a pour objectif de décrire la vie des personnes séropositives.

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