« Se loger correctement reste un objectif inatteignable pour une large part des ménages des couches populaires et moyennes, notamment dans les grandes villes. » Pour formuler de nouveau ce constat, la Fondation Abbé-Pierre a examiné, dans 12 agglomérations françaises de diverses tailles, « ce que différents ménages types pouvaient concrètement s’offrir, à la location ou à l’achat, dans le neuf ou dans l’ancien, dans le privé ou dans le parc social ». Résultat, indique-t-elle : « En dehors du logement vraiment social – PLAI [prêt locatifs aidés d’intégration] et PLUS [prêt locatif à usage social] –, les prix proposés sont souvent trop élevés pour la plupart des ménages, et pas seulement en région parisienne. »
Par exemple, illustre la fondation, « une famille monoparentale avec deux enfants et un salaire au SMIC ne peut louer un logement adapté et à un taux d’effort correct de 25 % dans aucune des 12 villes testées, même avec les APL ». D’après son étude, « seuls les ménages du 5e décile [niveau en dessous duquel se trouvent 50 % des salaires] peuvent accéder à des PLS [prêts locatif sociaux] de trois pièces dans les secteurs les moins tendus ». Outre un report de la demande, notamment vers des « fractions dégradées du parc privé », le phénomène entraîne des taux d’effort « déraisonnables, qui peuvent se traduire, au moindre accident de parcours, par des impayés et une grande précarisation des locataires », ou encore des situations de surpeuplement dans des appartements trop petits pour la taille des ménages.
Cette réalité appelle « des politiques locales et nationales volontaristes de régulation des marchés et de l’immobilier, de construction à coût abordable dans les zones tendues, de production de logements vraiment sociaux à grande échelle et d’aides au logement revalorisées », résume la fondation, qui « attend des propositions concrètes » de la part des candidats à l’élection présidentielle.