La Fédération des entreprises d’insertion a, le 7 décembre, donné le coup d’envoi de l’entrée de cinq de ses structures adhérentes(1) dans l’expérimentation « formation en situation de travail » (« FEST »). Lancée en 2015 par la délégation générale à l’emploi et à la formation professionnelle, cette démarche vise à donner davantage de visibilité aux formations en situation de travail dans les petites et moyennes entreprises, afin de les formaliser et de les rendre éligibles au plan de formation. L’enjeu, selon le ministère, est de développer la formation professionnelle dans les TPE-PME, où les salariés peu qualifiés en sont souvent exclus(2). A la suite d’un appel à candidatures lancé en mai 2015, une quinzaine d’OPCA (fonds d’assurance formation) ont présenté des projets, dont Opcalia, qui a identifié 15 entreprises pilotes, parmi lesquelles cinq entreprises d’insertion.
Alors que les formations « sur poste » ne sont pas valorisées et reconnues par les financeurs, l’objectif est de « reconnaître que sur les activités de production, les salariés en insertion acquièrent des compétences et des savoir-faire, de rendre traçable l’efficacité de cette formation en situation de travail et de la structurer par des outils pour la pérenniser », explique Muriel Pibouleau, chargée de la professionnalisation à la Fédération des entreprises d’insertion. L’organisation a souhaité s’appuyer sur le référentiel de certification interprofessionnel « CléA », qui recense sept domaines de compétences transversales(3) et 28 sous-domaines. « Nous nous sommes dit que cette première certification correspondait à ce que l’on pouvait attendre d’un salarié sortant d’une entreprise d’insertion », ajoute Muriel Pibouleau, précisant que l’objectif est ensuite de décliner la méthode aux compétences à acquérir sur les activités de production. A charge pour l’encadrant technique d’endosser un rôle clairement identifié de formateur, à travers la mise en œuvre d’une ingénierie pédagogique. « L’aspect formatif se passe en deux temps, souligne la chargée de professionnalisation de la fédération. Le salarié travaille sur son poste et acquiert des compétences, puis a lieu un temps réflexif qui permet une prise de recul, une analyse et une verbalisation de ce qu’il a appris, sachant que la particularité de cette modalité de formation est de ne pas séparer la théorie de la pratique. » Le projet, financé par Opcalia et accompagné par l’AFPA, devrait se dérouler durant six mois, période après laquelle les actions pourront être analysées et les expériences capitalisées.
Etonnamment, un seul salarié par entreprise d’insertion sera concerné durant cette période, choisi sur la base du volontariat, en fonction de son projet professionnel et de ses attentes vis-à-vis de l’expérimentation. Un choix, explique Muriel Pibouleau, motivé par le fait qu’« il s’agit d’une expérimentation individualisée et sur mesure au sein de l’entreprise. Elle doit permettre en premier lieu de comprendre comment on transforme une situation de production en une situation de formation, de travailler sur la méthodologie pour la rendre reproductible. »
(1) D.Multiple (Hauts-de-France), Reval Prest (Grand-Est), Envie 44 (Pays de la Loire), ID’EES 25 et Juratri (Bourgogne-France-Comté).
(2) « Libérer les possibilités de formation en situation de travail » est une mesure citée dans le plan « Tout pour l’emploi dans les TPE et les PME » présenté par le gouvernement en juin 2015.
(3) Communiquer en français, utiliser les règles de base de calcul et du raisonnement mathématique, utiliser les techniques usuelles de l’information et de la communication numérique, travailler en équipe, en autonomie, être capable d’apprendre tout au long de la vie, maîtriser les gestes et postures et le respect des règles d’hygiène, de sécurité et environnementales élémentaires.