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Un programme qui fait consensus

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L’enthousiasme autour de TAPAJ serait lié à sa capacité à mobiliser des partenaires très différents qui, malgré des logiques distinctes, y trouveraient chacun leur compte.

L’engouement suscité par TAPAJ (travail alternatif payé à la journée) n’a rien de magique : pour le sociologue Emmanuel Langlois, il tient à son adéquation avec les intérêts des différents acteurs qui y prennent part – les collectivités territoriales et les entreprises, qui financent les salaires des participants, les associations intermédiaires, juridiquement employeurs des jeunes et les intervenants sociaux des CSAPA-Caarud, qui portent l’action. « En ce qui concerne les collectivités locales, le programme a un fort impact symbolique. Il apporte une réponse en termes de sécurité publique qui passe très bien auprès d’un électorat habituellement réfractaire à l’aide en direction des jeunes en errance. C’est lié à une sorte d’aura de la “valeur travail” et à une mise en scène positive de l’action publique, qui s’oppose à une appropriation anarchique de l’espace public – faire la manche, boire dans la rue… Pour ce qui est des entreprises, le programme est une façon de mettre en avant des actions sociétales, ce qui a des effets bénéfiques sur leur image. Quant aux associations intermédiaires, elles peuvent y voir un outil supplémentaire, conforme à leur vocation de rapprocher de l’emploi des personnes qui en sont éloignées. Enfin, les travailleurs sociaux y trouvent un mode d’intervention valorisant en termes d’accompagnement et d’insertion. »

Du point de vue des intervenants sociaux, c’est en effet une excellente porte d’entrée pour établir une relation, confirme Frédéric Menneret, directeur de l’association Drogues et Société : « Je me souviens d’une jeune fille orientée par l’équipe de prévention spécialisée vers un chantier de désherbage manuel de pistes cyclables et d’espaces verts. Elle était très réticente à l’égard des psychologues mais il se trouve que, ce jour-là, c’est la psychologue de l’équipe qui encadrait le chantier. Le fait de biner côte à côte a permis de créer un lien qui a pu se poursuivre par la suite. » « Travailler ensemble renchérit Fabrice Domens, directeur de l’association intermédiaire ARE 33, permet de faire circuler la parole, de parler des désirs des uns et des autres, des difficultés familiales, des contraintes… » Une logique du « faire ensemble » qui inscrit TAPAJ dans une approche d’« empowerment » permettant aux jeunes « de se réapproprier leur parcours de vie », confirme Jean-Hugues Morales, coordinateur de TAPAJ France. Lionel Dieny, directeur adjoint du pôle addiction « Les Wads », voit aussi dans ce dispositif une façon de faire évoluer les représentations : « Le fait que le jeune exerce un travail légal, matérialisé par un bulletin de salaire, change le regard des intervenants sociaux : il n’est plus considéré comme une personne inactive et sans aspiration. » « Au final, non seulement l’ensemble des acteurs a le sentiment d’être moteur du programme mais tout le monde est gagnant », résume Jean-Hugues Morales.

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