Voyage au cœur de la PJJ

Quelle prise en charge pour les mineurs délinquants ? Le réalisateur Philip Matteaccioli répond à la question dans Zéro de conduite, en se rendant dans un établissement de placement éducatif (EPE), en rencontrant les équipes éducatives de milieu ouvert ou en donnant la parole à des juges pour enfants. Ce voyage au cœur de la protection judiciaire de la jeunesse (PJJ) passe aussi par le centre d’exposition « Enfants en justice » de Savigny-sur-Orge (Essonne), où l’historienne Véronique Blanchard montre comment les jeunes d’hier placés sous main de justice étaient pris en charge – des colonies agricoles pénitentiaires aux maisons de correction. De nos jours, d’après les jeunes hébergés à l’EPE de Paris, les conditions d’accueil sont bien moins dures : « Y a des règles, mais personne ne les écoute ! se vante Samir. Les éducateurs nous disent de rentrer à minuit et on rentre tous à 3 heures du matin. » Un témoignage auxquel les travailleurs sociaux de la structure apportent leur bémol.

Beaucoup de ces jeunes, qui ont souvent eu affaire dans leur enfance à des adultes peu fiables, voire nocifs, trouvent dans cette prise en charge un cadre qui leur convient : Maria, qui a séjourné dans de nombreux foyers, a trouvé à l’EPE de Paris (qui a la particularité d’être mixte) une certaine sérénité : « Pour la première fois depuis longtemps, je préfère être à l’intérieur qu’à l’extérieur », affirme-t-elle. Laurent Gebler, vice-président du tribunal pour enfants de Bordeaux, confirme : « La justice des mineurs reste un passage pour des enfants pas sages qui, pour la plupart, deviennent des adultes bien insérés. » Ce documentaire inédit diffusé sur LCP dresse donc un portrait large – et quelque peu décousu – de cette PJJ, du foyer à la prise en charge particulière des jeunes Roumains, du problème de la drogue à celui des fugues, des échecs aux réussites. La diffusion du film est suivie d’un débat – « Jeunes délinquants : comment éviter la case prison ? » –, avec notamment Jean-Pierre Rosenczveig, président du tribunal pour enfants de Bobigny.