Vincent est heureux de retrouver son village, la ferme, ses amis. Il ne les a pas vus pendant vingt-trois ans. Emprisonné pour le meurtre d’un notable, il retrouve enfin la liberté. Ou plutôt la semi-liberté, puisqu’il finira sa peine – dix mois – un bracelet électronique fixé à la cheville. Le film La danse des accrochés débute par son arrivée chez son cousin, accompagné de sa conseillère en insertion et probation venue lui installer son boîtier de réception. « Comme boulet, y’a plus lourd », insiste Vincent quand on lui parle de son système de surveillance. Puis, au fil des semaines, même s’il est autorisé à sortir pour travailler, il vit de plus en plus mal d’être « dans une cage ouverte » dont il ne peut pas sortir. Alors même qu’il respecte scrupuleusement les créneaux horaires pendant lesquels il est autorisé à aller et venir, le dispositif bugue et l’alarme sonne à tout-va, déclenchant l’appel de surveillants – souvent en pleine nuit. Stress, déprime… Vincent craque. Thibault Dentel a eu l’idée d’écrire un film sur ce thème durant ses recherches préalables à l’écriture d’un documentaire sur le placement sous surveillance électronique. Il ne s’agissait pas pour lui de montrer la réalité de cette mesure – même si l’histoire de Vincent est fidèle à ce que d’anciens détenus lui ont raconté –, mais d’exploiter les ressorts narratifs de cet enfermement hors les murs, et notamment la « renaissance sociale » d’une personne ayant enduré une longue peine de prison. Pour ajouter du drame à cette fiction (à petit budget et tournée en noir et blanc), l’auteur a imaginé une seconde histoire parallèle, celle de Didier, le cousin dépressif de Vincent. Prêt à commettre un acte criminel, il pourrait mettre Vincent, qui doit rester irréprochable durant son aménagement de peine, dans un grand embarras.
La danse des accrochés
Thibault Dentel – 1 h 45 – En salles le 7 décembre –