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« La DREES est à l’écoute des attentes de la société »

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Pour réaliser ce dossier d’infographies sur le secteur social et médico-social, les ASH ont sollicité l’expertise de la DREES (direction de la recherche, des études, de l’évaluation et des statistiques). Administration aussi discrète qu’indispensable, celle-ci produit une grande part des données nécessaires à la décision publique et aux professionnels du secteur. Les explications de son directeur, Franck von Lennep.
A quand remonte l’histoire de la DREES ?

La direction de la recherche, des études, de l’évaluation et des statistiques a été créée en 1998 ; elle a remplacé le service des statistiques, des études et des systèmes d’information (SESI), qui préexistait.

Quelles sont ses missions ?

La DREES est une administration centrale du ministère des Affaires sociales et de la Santé et un service statistique ministériel. Sa mission est donc double : d’une part, elle doit doter ses ministères de tutelle, les services déconcentrés ainsi que les organismes et agences gravitant dans leur orbite d’une meilleure capacité d’observation et d’évaluation de leur action et de leur environnement. D’autre part, elle doit fournir aux décideurs publics, aux citoyens et aux responsables économiques et sociaux des informations fiables et des analyses sur les populations et les politiques sanitaires et sociales. A ce titre, elle conçoit une partie de l’appareil statistique, effectue la collecte, l’exploitation et la diffusion des grandes enquêtes et des bases de données, publie et diffuse les travaux qu’elle réalise ou coordonne. Enfin, depuis 2015, elle est en charge de la gouvernance de l’ouverture des données de santé.

Comment est-elle organisée, notamment en termes de personnel et de budget ?

La DREES est divisée en trois sous-directions : la sous-direction de l’observation de la santé et de l’assurance maladie, la sous-direction de l’observation de la solidarité et la sous-direction des synthèses, des études économiques et de l’évaluation. Elle assure également le secrétariat de l’Observatoire national du suicide, de l’ONPES [Observatoire national de la pauvreté et de l’exclusion sociale] et de l’ONDPS [Observatoire national de la démographie des professions de santé], qui lui sont rattachés. Elle dispose d’environ 170 agents à Paris et d’une vingtaine en région. Son personnel, très qualifié, est composé notamment de statisticiens, d’économistes, de démographes, d’informaticiens, de médecins et de gestionnaires.

Comment la DREES communique-t-elle sur ses travaux avec les services de l’Etat, les collectivités et le grand public ?

Elle publie ses travaux dans trois collections principales : des études synthétiques et pédagogiques dans la collection « Etudes et résultats » ; des travaux plus approfondis dans la collection « Les dossiers de la DREES » ; et des publications annuelles, sous forme d’ouvrages, dans la collection « Panoramas de la DREES ». Ces publications sont diffusées en ligne sur le site drees.social-sante.gouv.fr. La DREES assure également la direction de la publication de la revue scientifique RFAS [Revue française des affaires sociales]. En outre, elle ouvre largement ses données dans l’espace data.drees.sante.gouv.fr, notamment sous forme d’hypercubes(1).

Quels sont ses domaines majeurs d’observation et d’étude ?

La DREES produit un grand nombre de statistiques en matière de santé et de protection sociale. Pour cela, elle réalise des enquêtes auprès des ménages (notamment sur la santé, la périnatalité, le handicap, la dépendance, les modes de garde, les ressources des jeunes adultes, les bénéficiaires de minima sociaux, les motivations de départ à la retraite, le baromètre de perception de la protection sociale). Elle recueille des données auprès des hôpitaux et des cliniques, des établissements sociaux et médico-sociaux, des écoles de formation aux professions de la santé et du social, des écoles et des collèges (sur la santé des enfants scolarisés), des entreprises (sur la protection sociale en entreprise).

Travaille-t-elle en lien avec d’autres organismes ?

En effet, elle exploite par ailleurs des données produites par d’autres administrations, les conseils départementaux (sur les politiques sociales locales), l’INSEE ou les caisses de sécurité sociale. Dans le cadre de la comptabilité nationale, la DREES réalise les comptes de la santé et ceux de la protection sociale. Elle anime aussi des travaux de recherche à caractère socio-économique et stimule les réflexions à travers les nombreux colloques et séminaires qu’elle organise chaque année. L’activité de la DREES se répartit à parts égales entre, d’une part, le domaine social et médico-social et, d’autre part, le domaine sanitaire.

A quoi sert la statistique dans le champ social et médico-social ?

Les statistiques issues des enquêtes auprès d’établissements sociaux et médico-sociaux permettent de suivre l’évolution quantitative et qualitative des usagers de ces structures – par exemple, l’âge de plus en plus avancé des résidents en établissement d’hébergement pour personnes âgées dépendantes, les taux d’occupation, les déficiences prises en charge dans les maisons d’accueil spécialisées ou les foyers d’accueil médicalisé, ou la durée et l’issue d’un accueil en centre d’hébergement et de réinsertion sociale. D’autres opérations (enquêtes auprès des ménages, remontées de données administratives, etc.) permettent d’étudier les caractéristiques et les parcours des bénéficiaires de prestations ou de minima sociaux et de mener des opérations de prospective. Des études d’impact de futures réformes peuvent notamment être réalisées grâce à ces remontées d’informations.

Pour quelle raison les chiffres de la DREES sont-ils publiés avec un décalage d’un, voire deux ans ?

Généralement, les résultats portant sur une année donnée sont publiés l’année suivante. Ce temps est en fait très court, car il faut d’abord recueillir l’information auprès des structures du secteur social et médico-social, des entreprises ou des ménages, puis mettre en œuvre un processus de contrôle et de validation des données reçues, afin de s’assurer de la qualité des résultats publiés.

Ces dernières années, quelles nouvelles thématiques avez-vous vu émerger ?

La DREES est à l’écoute des attentes de la société et des besoins des pouvoirs publics. Elle adapte donc en permanence ses outils et ses enquêtes. Par exemple, dans le domaine social et médico-social, elle a depuis quelques années largement investi le champ de la dépendance : recueil de données individuelles sur l’allocation personnalisée d’autonomie auprès des conseils départementaux, élaboration d’un modèle de microsimulation (dit « Autonomix ») ayant largement contribué à la préparation de la loi d’adaptation de la société au vieillissement, réalisation auprès des seniors d’une grande enquête (dite « CARE ») en trois vagues sur 2014-2016. A partir de cette enquête, une première publication a été diffusée en octobre 2016, présentant une typologie de chacun des départements de métropole et d’outre-mer au regard de la situation des personnes âgées. Par ailleurs, la DREES a récemment investi la thématique des ressources des jeunes adultes : réalisation, en 2013, d’une étude qualitative et, en 2014-2015, d’une grande enquête quantitative, en partenariat avec l’INSEE. Pour la première fois, cette enquête interroge l’ensemble des jeunes adultes, où qu’ils résident et quelle que soit leur situation professionnelle, ainsi que leurs aidants, le plus souvent leurs parents. Une première publication a été diffusée en mai 2016, et d’autres publications suivront d’ici à la fin 2016.

En quoi les nouvelles technologies modifient-elles le fonctionnement de la DREES ?

Le premier changement est que la DREES dématérialise la plupart de ses enquêtes auprès des structures du champ sanitaire, social et médico-social. Une autre évolution est l’investissement du champ de ce que l’on appelle le « big data ». La DREES forme ses agents en investissant sur des outils informatiques et statistiques adaptés et en mettant en place des collaborations avec des chercheurs extérieurs.

Quels sont vos principaux chantiers pour les années à venir ?

Ils sont nombreux : l’évaluation des réformes récentes (généralisation de la complémentaire d’entreprise, réforme de l’APA…), le lancement d’enquêtes innovantes (délais d’attente pour l’accès aux soins, bénéficiaires de la prestation de compensation du handicap, santé mentale…), la préparation des prochaines vagues d’enquêtes régulières de la DREES (bénéficiaires des minima sociaux, modes de garde des jeunes enfants, handicap…). On peut citer aussi l’appariement des enquêtes avec des sources administratives, le développement des outils de microsimulation (retraite, dépendance, redistribution, accès géographique aux soins…), la poursuite des investissements dans le big data, la mise en œuvre de l’ouverture des données de santé prévue par l’article 193 de la loi de modernisation de notre système de santé, etc.

Notes

(1) Des données peuvent être représentées sous plusieurs formes, selon le nombre de variables prises en compte : le tableau comporte deux axes (abscisse et ordonnée), le cube en comporte trois et l’hypercube comporte un axe supplémentaire.

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