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Mobilisation du SNPES, inquiet sur les conditions de prise en charge à la PJJ

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« Depuis l’alternance gouvernementale, la situation des jeunes en grande difficulté ne s’est pas améliorée alors qu’elle était une priorité du candidat Hollande : aucune réforme d’ampleur de la justice des mineurs n’a été menée. De plus, les conditions de travail des agents de la PJJ ne permettent pas des prises en charge soutenues à la hauteur des besoins de ces jeunes. » Ce sont les constats du SNPES (Syndicat national des personnels de l’éducation et du social)-PJJ-FSU, qui appelait les personnels de la protection judiciaire de la jeunesse à la grève le 24 novembre.

La mobilisation a été prévue le jour d’un comité technique central, lors duquel l’administration devait présenter une note sur les conditions de travail en milieu ouvert. « Cette note devait être présentée depuis juin, puis a été reportée de comité en comité, alors que nous nous battons depuis des années pour discuter des normes de travail, qui sont en lien avec les conditions de travail et la qualité de la prise en charge. On ne travaille pas avec 25 jeunes comme avec 20 ! », explique Christophe Caron, cosecrétaire national du SNPES. Si le syndicat reconnaît que la direction de la PJJ porte, depuis 2013, « un discours plus éducatif, moins stigmatisant pour les jeunes et plus conforme à [sa] conception de la prise en charge », il déplore une surcharge de travail dans les services et les obstacles à la pluridisciplinarité de la prise en charge, en raison du manque de psychologues et d’assistants de service social, notamment dans le cadre de la réalisation des mesures judiciaires d’investigation éducative. « Sur trois ans, environ 350 postes auront été ouverts, mais ces créations ne comblent pas les suppressions effectuées dans le cadre de la révision générale des politiques publiques », ajoute Christophe Caron. Entre 2008 et 2012, la PJJ avait en effet perdu plus de 600 postes. Surtout, « nous déplorons que très peu de moyens auraient été débloqués s’il n’y avait pas eu de plan de lutte contre le radicalisation et le terrorisme, ajoute-t-il. C’est dans ce cadre que nous avons de nouveau obtenu un poste de psychologue par foyer éducatif. »

Le syndicat plaide aussi pour l’ouverture d’unités éducatives d’activité de jour, « dont la moitié ont fermé à la suite de la RGPP », et la reprise du recrutement de professeurs techniques, chargés de fonctions d’enseignement et d’animation pédagogique pour participer aux projets de formation professionnelle et d’insertion des jeunes. « L’administration a annoncé l’arrêt des recrutements de ces personnels, prévoyant de les remplacer par des éducateurs techniques qui n’auront pas les mêmes prérogatives. L’insertion professionnelle des jeunes n’est pas seulement une question de socialisation, elle nécessite des enseignants, de la pédagogie… », commente Christophe Caron.

Le SNPES demande également le renforcement des structures d’hébergement. « Sur la ville de Nantes, il n’y a plus de foyers éducatifs PJJ, illustre son cosecrétaire national. Comme nos régions administratives sont très vastes, ce manque de solutions de placement rend plus difficile le suivi des jeunes, il faut parfois passer une journée sur la route pour aller les voir ! » Autre revendication : la révision du cahier des charges des établissements de placement éducatif. « Le projet de loi de finances fixe un taux de remplissage de 85 %, sans que l’on s’intéresse à la manière dont la structure fonctionne », pointe Christophe Caron, appelant à dépasser la question purement quantitative : « Au nombre des jeunes suivis s’ajoutent la multiplication des mesures dont ils font l’objet, l’accélération des procédures… Autant d’éléments qui alourdissent le travail et complexifient la prise en charge. »

Le syndicat s’inquiète par ailleurs de la diffusion prochaine d’une note sur « l’adaptabilité permanente aux besoins des jeunes ». S’il partage le constat que l’individualisation du suivi est essentielle, il redoute que « l’adaptabilité soit surtout celle des personnels et cela toujours à moyens constants ». Contactés, les services de la PJJ n’ont pas été en mesure de répondre aux ASH dans les délais impartis. Le 13 octobre, lors d’un séminaire des cadres de la protection judiciaire de la jeunesse, le garde des Sceaux Jean-Jacques Urvoas a annoncé qu’il s’apprêtait à signer « une circulaire portant sur les réponses judiciaires à la délinquance des mineurs », qui porterait des objectifs de « cohérence », de « lisibilité » et d’« individualisation des réponses ». Cette circulaire, posant en effet comme principe « l’adaptabilité permanente aux évolutions du jeune », doit réaffirmer « la continuité de la prise en charge, y compris pour les jeunes majeurs », avec pour enjeu de développer « des pratiques professionnelles, des relations partenariales et des conditions d’encadrement innovantes », a-t-il précisé. A cette occasion, le garde des Sceaux a également déclaré que « le budget 2017 de la PJJ connaîtra une hausse significative de 31 millions d’euros, dont 22,2 millions sont consacrés aux dépenses de personnels ». Et souligné que les moyens « obtenus l’ont notamment été au titre du plan d’actions contre la radicalisation et le terrorisme : 165 emplois en tout, dont 145 au titre de ce plan (30 psychologues et 115 éducateurs) ». Si la réforme de l’ordonnance de 1945 semble encore une fois enterrée, Jean-Jacques Urvoas est également revenu sur les amendements spécifiques à la justice des mineurs dans la loi « justice du XXIe siècle », dont la suppression des tribunaux correctionnels pour mineurs.

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