Pour la première fois, l’Enquête nationale sur les ressources des jeunes (ENRJ), dispositif statistique mis en place par la DREES (direction de la recherche, des études, de l’évaluation et des statistiques) et l’INSEE (Institut national de la statistique et des études économiques) permet d’identifier la composition des ressources annuelles des 18-24 ans. Le dernier numéro des Dossiers de la DREES, publié le 22 novembre, reprend une partie des données de l’ENRJ pour s’intéresser à deux thématiques spécifiques : la composition des ressources des jeunes, d’une part, et les conditions de logement et les diverses formes d’accès à l’autonomie résidentielle de ce même public, d’autre part. En 2014, les jeunes Français de 18 à 24 ans disposent de 9 530 € par an de ressources individuelles en moyenne, dont plus de la moitié « proviennent d’activités rémunérées et près d’un tiers de l’aide familiale ». Leur niveau dépend en grande partie de la situation résidentielle : ainsi, entre les jeunes vivant en permanence chez leurs parents – désignés par le terme « cohabitants » – et les « non-cohabitants », « le soutien familial se matérialise différemment ». Les premiers « bénéficient de la mutualisation des biens et équipements mis à leur disposition (logement, équipements du logement, alimentation…) », un avantage qui n’exclut pas l’aide financière des parents, mais en réduit le montant. Pour les non-cohabitants, l’aide parentale, lorsqu’elle existe, prend « la forme d’aides financières (notamment pour le paiement du loyer, l’achat de biens d’équipement, etc.), mais aussi de prises en charge directes de certains frais liés au logement (assurance, etc.), ou encore d’économies induites par la participation des parents aux dépenses d’alimentation », écrivent les auteurs.
L’enquête montre que les non-cohabitants ont des ressources individuelles nettement plus élevées que celles des cohabitants (respectivement 11 890 € et 7 780 €), 70 % d’entre eux percevant des revenus sociaux (au titre d’allocations logement pour les deux tiers de ces jeunes), contre 34 % des jeunes cohabitants (bourses et allocations chômage pour l’essentiel). « Les revenus sociaux annuels des jeunes non-cohabitants sont en moyenne 2,4 fois plus élevés, indique l’étude. Pour l’ensemble de l’année, l’aide financière qu’ils reçoivent des parents est également deux fois plus élevée en moyenne (3 960 € contre 1 980 € pour les cohabitants). » A noter que les revenus sociaux des inactifs et chômeurs représentent 44 % de leurs ressources.
Le second article des dossiers de la DREES, également publié le 22 novembre dans l’édition 2016 du « Portrait social » de l’INSEE, s’est quant à lui focalisé sur l’accès à l’autonomie résidentielle des 18-24 ans. A la fin 2014, 43 % de ces derniers disposaient de leur propre logement, « mais seulement 17 % y [résidaient] exclusivement et le [finançaient] par eux-mêmes ». Les auteurs soulignent que « l’accès à l’autonomie résidentielle est un processus continu qui passe par des situations intermédiaires comme un départ partiel pour un jeune sur cinq ou un départ financé par les parents ». Ainsi, la plupart des étudiants quittant le domicile de leurs parents ne deviennent pas pour autant indépendants tandis que les jeunes sortis du système éducatif « attendent généralement d’avoir une situation suffisamment stable pour partir du logement parental de façon indépendante ». Les trois quarts des jeunes au chômage ou inactifs vivent exclusivement chez leurs parents, ce qui est aussi le cas de 57 % des jeunes en emploi. Par ailleurs, le fait de résider chez ses parents n’empêche pas d’être exposé à des difficultés financières, puisque plus de quatre jeunes au chômage ou inactifs sur dix dans cette situation y sont confrontés. « Les jeunes au chômage ou inactifs sont les plus précaires à tout point de vue, poursuit l’INSEE. Ils disposent de revenus individuels très faibles et leur niveau de satisfaction est nettement inférieur à celui des autres jeunes adultes. Leur situation matérielle est aussi particulièrement difficile : 43 % ont des difficultés financières et un quart se sent fortement privé. Ils sont d’autant plus exposés à la précarité qu’ils sont sortis du système éducatif peu ou pas diplômés. » Les trois quarts d’entre eux restent ainsi au domicile parental avec moins de 300 € de ressources individuelles par mois.