« Faut-il investir autant d’énergie, d’ingénierie, d’études coûteuses pour une réforme compliquée qui restera toujours difficile dans un environnement défavorable ? », s’interroge l’Association nationale des directeurs et cadres d’établissements et services d’aide par le travail (Andicat) dans une position publiée le 18 novembre sur le projet de réforme de la tarification des établissements sociaux et médico-sociaux, Serafin-PH. Si l’association, qui participe aux travaux, « soutient sans réserve le principe de l’usager au cœur du dispositif, d’autant plus que cela a toujours été la pratique des ESAT », elle relaie certains « sujets d’inquiétude » de ses adhérents.
Tout d’abord, le rapprochement entre les besoins et les prestations, au cœur de la réforme, « rappelle la tarification à l’activité dont l’échec reconnu nous rend prudents », avance Andicat. Elle relève par ailleurs que la question du pilotage de certains dispositifs nécessitant des « coordinations à plusieurs étages », comme les plans d’accompagnement global (PAG) et les pôles de compétences et de prestations externalisées (PCPE), n’est pas réglée. Et si celui-ci était confié aux maisons départementales des personnes handicapées (MDPH), il paraît difficile pour ces structures, « qui manquent cruellement de moyens pour leurs missions actuelles », d’absorber ces nouvelles tâches « tout en assumant leur rôle d’orientation dans des délais compatibles avec la bientraitance ». Enfin, alors que « cette réforme impliquera des changements d’outils, de logiciels, des formations, des temps administratifs, juridiques », Andicat redoute que « l’explosion textuelle et juridique que nous supportons depuis des années aux dépens du temps de la relation directe avec l’usager » augmente encore.
En l’état actuel des travaux, l’association indique donc qu’elle continuera « à exprimer [ses] réserves » sur ce projet de réforme, tout en s’attachant « à apporter sa contribution et son soutien » à toutes les initiatives et propositions permettant d’améliorer la vie des personnes handicapées.