« Dans l’ancien bâtiment, il n’y avait pas assez de signalétique, les visiteurs ne s’y retrouvaient pas », se souvient Aude Pajot, directrice du Val d’Emilie, à Derval (Loire-Atlantique). Dans le cadre de la construction de ce nouvel EHPAD public, elle savait donc ce qu’elle voulait : « Une signalétique claire mais aussi personnalisée, qui donne une âme à l’établissement. » Même constat pour Alain Lambert, directeur du Centre Gallieni, à Villeurbanne (Rhône) : « Notre foyer d’hébergement avait une signalétique dépareillée, pas fonctionnelle et en partie fausse. La rénovation de la structure était l’occasion de l’homogénéiser et de la moderniser. »
« La signalétique, c’est un métier, et beaucoup de directeurs s’en rendent compte trop tard, constate Anne Gerveau, directrice de Nuancier d’images, qui s’autoproclame « créateur d’ambiance ». Certes, l’intérêt de faire appel à un professionnel est qu’il connaît parfaitement les obligations en matière de sécurité et de normes d’accessibilité. Mais, selon Anne Gerveau, il doit surtout être capable de concevoir une signalétique en analysant les flux de l’établissement – les déplacements des résidents, des visiteurs et des salariés. Elle se rend toujours sur ses chantiers pour « connaître l’architecture du lieu, son environnement, son style, ce qui permet de trouver le produit le mieux adapté ». Pour l’EHPAD de Derval, la décoratrice a aussi rencontré les 80 résidents afin de déterminer ce dont ils avaient envie. « J’ai ensuite choisi avec elle les formes des plaques, la matière, les couleurs, les pictogrammes, les noms des espaces, la charte graphique… », ajoute Aude Pajot. La directrice a apprécié que la solution proposée soit évolutive. Ce qui a plu à Alain Lambert – qui a fait appel à Ariane Signalétique, un prestataire local –, c’est aussi la possibilité de personnaliser les plaques des bureaux et des chambres, d’inclure des photos et de les changer au fil des arrivées des résidents (sans intervention du fournisseur). Pour le Centre Gallieni, qui reçoit une majorité de déficients visuels, tous les panneaux ont été imprimés à la fois en braille et en caractères latins en relief. Le centre, qui possède un ESAT, en a profité pour améliorer sa signalétique extérieure – « pour que nos clients nous trouvent plus facilement et pour mettre nos activités en évidence », précise son directeur.
Une signalétique esthétique permet donc aussi de communiquer. « La question que l’on pose aux managers qui font appel à nous est : “Quelle image souhaitez-vous véhiculer” », explique Franck Blériot, directeur d’Osmoze. Le designer de signalétique insiste : « Il ne suffit pas de mettre une flèche à gauche ou à droite de manière sèche pour indiquer l’emplacement de l’ascenseur ; il faut parvenir à diriger avec poésie et humanité dans les ESMS. » Même dans des instituts médico-éducatifs et des pôles mère-enfant, le professionnel mêle décoration et signalétique et prône l’originalité et l’impertinence. Bien entendu, le coût de la signalétique dépend de la dimension de l’établissement, mais aussi du support choisi (plexiglas, alu brossé, PVC, 3D, adhésifs haute performance)… Au Val d’Emilie, la nouvelle identité a coûté autour de 20 000 €. Quelques ESAT ont des activités de conception-fabrication de signalétique. Les Ateliers de Peyran, dans le Gers, proposent ainsi des plaques sérigraphiées unitaires à partir de 20 € comme des prestations plus complètes, de la conception à la pose – « pour des prix compris entre 3 000 et 6 000 € », précise Sébastien Cottavoz, moniteur d’atelier.
Une bonne signalisation doit être visible, lisible et compréhensible. Il est préconisé de prévoir un plan du site dès l’entrée de l’établissement, indiquant les principales destinations. En matière de fléchage, il faut veiller à ne pas trop espacer les panneaux et à renforcer la signalétique aux points de décision complexes. Celle-ci doit aussi servir à optimiser les parcours en minimisant le plus souvent possible le chemin à parcourir pour rejoindre un point.
Il est également recommandé d’homogénéiser la signalétique intérieure : positionnement, taille, police, couleur, forme, graphisme, nomination des espaces doivent être cohérents sur l’ensemble du site.
Enfin, il faut veiller à disposer les panneaux à bonne hauteur (entre 1,10 m et 1,60 m) et à ce qu’ils soient lisibles de près ou de loin, propres et bien éclairés.