L’art du compromis

La co-construction permet à des acteurs ayant des intérêts et des points de vue différents d’élaborer un projet partagé. Dans le secteur social et médico-social, l’usage de ce terme est devenu prégnant : l’ANESM (Agence nationale de l’évaluation et de la qualité des établissements et services sociaux et médico-sociaux) l’évoque à maintes reprises dans ses recommandations, les livres sur la participation des usagers en parlent à foison… Pour autant, il ne renvoie pas toujours aux mêmes objets et usages, commente le sociologue Michel Foudriat, auteur de cet ouvrage. Celui-ci note par ailleurs que si de nombreuses institutions ont des discours officiels faisant référence à la co-construction, leurs pratiques se réduisent soit à la seule consultation, soit à la seule concertation avec les salariés. C’est pourquoi, pour y voir plus clair, le livre (préfacé par Jean-Yves Barreyre) fait une mise au point sur ce concept et donne des conseils méthodologiques pour les directeurs d’établissement intéressés par ce type de démarche et/ou confrontés à la question de sa mise en œuvre. L’auteur détaille les différentes questions théoriques et méthodologiques au centre des démarches co-constructives : la pluralité et la construction des points de vue, la recherche du compromis, les jeux de pouvoir, la gestion des conflits, les outils du travail collaboratif. Il rappelle surtout que les processus de co-construction sont complexes et caractérisés par une irréductible imprévisibilité. Enfin, la démarche de ce livre se fonde sur le postulat « qu’un dispositif peut être pensé collectivement à partir de raisonnements et de délibérations sans pour autant devoir être considéré comme le meilleur dispositif, ni comme une assurance d’efficacité au regard des objectifs affichés au départ ».