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Emploi et handicap : l’APF dresse le bilan « morose » du quinquennat Hollande

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A quelques jours de la Semaine européenne pour l’emploi des personnes handicapées, organisée du 14 au 20 novembre, l’Association des paralysés de France a dressé, le 8 novembre, le bilan du quinquennat de François Hollande en la matière.

Durant les cinq dernières années, « le nombre de demandeurs d’emploi en situation de handicap a largement augmenté », pointe l’Association des paralysés de France (APF), qui, à quelques jours de la Semaine européenne pour l’emploi des personnes handicapées, organisée du 14 au 20 novembre, a dressé un premier bilan du quinquennat de François Hollande en la matière. Un bilan globalement « morose ». « Nous n’avons pas constaté d’inversion de la courbe », a ironisé Alain Rochon, le président de l’APF, lors de cette présentation, le 8 novembre. Certes, le nombre de personnes en situation de handicap dans l’emploi a progressé, mais cette augmentation s’explique avant tout « par une meilleure reconnaissance de la qualité de travailleur en situation de handicap et une dynamique de recrutement et de maintien dans l’emploi développée par les entreprises », pointe l’APF. Car dans le même temps, le nombre de demandeurs d’emploi en situation de handicap, qui s’élevait à 295 601 personnes en décembre 2011, « bat aujourd’hui tous les records pour atteindre 486 546 personnes en décembre 2015, relève l’APF. Soit une augmentation de près de 65 % ! » Et un taux de chômage (21 %) deux fois plus élevé que celui de l’ensemble de la population. Les personnes handicapées subissent par ailleurs un chômage plus long que le reste des citoyens : 788 jours en moyenne contre 577 jours. « Et 46 % des demandeurs d’emploi en situation de handicap ont 50 ans et plus, contre 23 % pour l’ensemble de la population », ajoute l’association(1).

Certes, quelques « mesures positives » ont permis des avancées dans le domaine de l’emploi des personnes handicapées, à l’image de la mise en place du cumul entre la prime d’activité et l’allocation aux adultes handicapés (AAH) ou encore des nouvelles dispositions sur le compte personnel d’activité (CPA), le compte personnel de formation (CPF) et sur l’emploi accompagné. Si elles « ne répondent pas à l’ensemble des besoins des actifs en situation de handicap, [elles] constituent une amorce vers une meilleure prise en compte des besoins d’accompagnement vers et dans l’emploi des personnes en situation de handicap » et un « bon levier pour l’avenir ». Reste aujourd’hui à les conforter et à les rendre pleinement opérationnelles, plaide l’APF.

204 millions d’euros en moins en trois ans

Ces initiatives ne doivent cependant pas masquer les reculs constatés. Notamment l’affaiblissement des fonds privé et public pour l’emploi des personnes handicapées (Agefiph et FIPHFP), particulièrement « maltraités » ces dernières années, a souligné Alain Rochon, à coup de ponctions et d’exonérations successives du gouvernement. De fait, le modèle économique de ces deux fonds « se révèle inadapté pour couvrir demain leurs missions d’accès et de maintien dans l’emploi », se désole l’APF, qui a calculé qu’ils avaient été ponctionnés de 204 millions d’euros en trois ans. « Ces pratiques pernicieuses s’ajoutent à un effet mécanique de baisse de la collecte des deux fonds (meilleure niveau de réponse à l’obligation d’emploi) et à une augmentation des dépenses nécessaires pour couvrir les besoins des salariés ou demandeurs d’emploi en situation de handicap », analyse l’organisation.

D’une façon générale, « l’Etat a eu tendance, ces dernières années, à se défausser de ses responsabilités de l’emploi en général et de l’emploi des personnes handicapées en particulier », a déclaré Alain Rochon. Le président de l’APF a également fait part de son inquiétude quant à l’avenir de l’emploi adapté et protégé : « Il s’agit d’une composante essentielle de notre paysage. Or, quand on regarde le projet de loi de finances pour 2017, on constate que le nombre de places en ESAT [établissements et services d’aide par le travail] n’augmente plus, il y a une stagnation des aides au poste en entreprises adaptées [EA]… Il y a également une mission IGAS [inspection générale des affaires sociales] sur le modèle économique des EA : est-ce à dire qu’on n’est pas en train de trouver que c’est un modèle un peu cher… ? »

Face à ce bilan peu flatteur pour le gouvernement actuel – les précédents n’ont pas été épargnés pour autant –, l’APF entend proposer, « dans l’optique des élections présidentielle et législatives de 2017, des solutions via sa plate-forme collaborative #2017Agirensemble ». Et appelle à un véritable plan en faveur de l’emploi des personnes handicapées qui ne se résume pas à quelques mesures relevant plus de l’effet « médiatique », selon Alain Rochon. Cette rencontre était également l’occasion de rappeler les initiatives menées par l’association au quotidien pour l’emploi des personnes en situation de handicap, comme l’organisation d’un réseau de correspondants « emploi » en partenariat avec l’Agefiph, la mise en place de plateformes locales de l’emploi ou encore la formation de personnes handicapées à des métiers en tension dans le domaine de l’informatique.

Les attentes des travailleurs handicapés mal comprises par les entreprises

Quelles sont les attentes des personnes en situation de handicap en matière d’emploi ? C’est ce qu’a cherché à savoir l’agence TMP Worldwide dans une enquête publiée le 7 novembre, en amont de la Semaine européenne pour l’emploi des personnes handicapées. Elle a interrogé 124 travailleurs handicapés de niveau bac + 2 à bac + 5, « qui constituent le cœur de cible des entreprises », précise un communiqué de TMP. S’ils « ont les mêmes attentes que les autres candidats » sur le poste, 70 % affirment « que les valeurs de l’entreprise et sa réputation peuvent influencer leur décision de candidater ou non ». Ils ont évidemment des souhaits « spécifiques » en matière d’accessibilité du poste, d’accompagnement et sur une politique RH adaptée à leurs besoins. L’étude relève cependant « certaines attentes paradoxales » : 41 % des personnes en situation de handicap « conseilleraient spontanément aux DRH » de les recruter et de les considérer « comme tout le monde » et la même proportion a « demandé la RQTH [reconnaissance de la qualité de travailleur handicapé] pour faciliter [sa] recherche d’emploi ». Elles sont en outre 59 % à passer par des structures spécialisées (Cap emploi, Agefiph) pour se mettre en relation avec les entreprises. Et si la majorité des répondants (87 %) jugent nécessaire de faire des campagnes spécifiques sur l’emploi des personnes handicapées, ils portent dans le même temps « un regard aiguisé et critique vis-à-vis des actions menées par les RH ». Quatre personnes interrogées sur dix « estiment le message inadapté et sept sur dix que le monde des entreprises ne comprend pas [leurs] attentes ». Ainsi, les sondés estiment que ce qui est fait pour répondre à leurs besoins professionnels est insuffisant et que les actions sont trop isolées.

Notes

(1) Un constat partagé par la FNATH qui a lancé, avec le soutien de l’Agefiph, une application « pour mieux accompagner le parcours du combattant » du travailleur handicapé. Gratuite, « Handicap et travail » est disponible sous IOS et Androïd.

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