On dit souvent que la pédagogie est l’art de mettre en lien. A cet égard, l’ouvrage de Bernadette Moussy est on ne peut plus pédagogique. Les ponts que cette spécialiste en sciences de l’éducation établit entre époques et penseurs de la pédagogie sont tout à fait instructifs. D’autant qu’il faut « attendre quelquefois des décennies pour assister aux répercussions des idées que les éducateurs ont voulu faire passer », souligne Bernadette Moussy. Une constatation est récurrente : ils se sont influencés les uns les autres. Ce qui, soit dit en passant, relativise certaines « innovations » pédagogiques. Mais bien sûr, avant les résurgences, il y a des découvertes, et celle de la petite enfance est particulièrement mise en valeur par l’auteure. On voit ainsi poindre et se développer l’intérêt pour les tout-petits chez les précurseurs des méthodes actives d’éducation comme Comenius (1592-1670), Johann Pestalozzi (1746-1827) ou encore Edouard Séguin (1812-1880), pionnier de l’éducation des enfants déficients mentaux. Puis ce sont les institutions destinées à la prime enfance qui vont rapidement essaimer, à commencer par les salles d’asile à l’organisation rigide, que des pédagogues comme Pauline Kergomard (1838-1925) s’emploieront à assouplir et à rendre « maternelle ». On assiste enfin à l’éclosion des professions dédiées : celle de jardinière d’enfants, puis de jardinière éducatrice ou de jardinière éducatrice spécialisée pour les enfants handicapés, auxquelles succède en 1973 le métier d’éducateur de jeunes enfants. L’intitulé s’est masculinisé et les hommes peuvent désormais se porter candidats au diplôme d’Etat.
Les pédagogues dans l’histoire.
Entre invention et continuité
Bernadette Moussy – Ed. Chronique sociale – 14 €