Treize mois de reportage, six épisodes… Le journaliste et réalisateur américain Matthew Cassel suit Aboud, bijoutier syrien, dans son périple vers l’Europe. Lors de leur rencontre, Aboud a déjà quitté sa famille depuis plus de deux ans. Il vit en Turquie où il pense trouver un travail et faire venir sa femme Christine et leurs deux enfants. C’est un échec. Il pense que s’il parvient à rejoindre un pays de l’Union européenne, il pourra demander l’asile et avoir une vie meilleure. Sur les premières images du documentaire L’odyssée, on le voit se bander les jambes avec du film plastique pour se protéger, avant de traverser une rivière et de rejoindre un bateau pneumatique à la frontière gréco-turque. L’originalité de L’odyssée est aussi de montrer l’autre versant de l’histoire : celui de Christine, restée à Damas et qui se prépare à rejoindre son mari, s’il parvient au bout de son périple. Si elle sait qu’elle pourra élever ses enfants loin des bombes, c’est avec un pincement au cœur qu’elle doit se résigner à quitter un pays qu’elle aime, son histoire, ses parents.
Matthew Cassel est présent tout au long du parcours d’Aboud : sur une barque, pour une marche de huit jours à travers les Balkans, dans des bus, des trains et des taxis. Cet incroyable documentaire est diffusé en six épisodes de neuf à quinze minutes sur la plateforme Spicee, média en ligne spécialisé dans les reportages. A chaque épisode son thème : après la présentation d’Aboud dans le premier, les deux suivants le filment alors qu’il rejoint un groupe de 140 réfugiés (dont des femmes et des enfants) bien décidés à entamer, du nord de la Grèce à la Serbie, une traversée qui ne se fera pas sans difficultés – tensions et blessés. Le quatrième épisode montre l’arrivée en Macédoine, où des activistes donnent aux exilés à manger, à boire, et des vélos pour leur permettre de poursuivre leur longue route jusqu’à Belgrade. Dans le cinquième, le valeureux Aboud arrive au bout de ses peines et s’installe aux Pays-Bas, où il est certain que sa famille trouvera le calme auquel il aspire. Intitulé « Contrecoup », le dernier chapitre expose l’hostilité de la population à l’égard des réfugiés.
L’odyssée
Matthew Cassel –