Alors qu’une des aspirations fondamentales de l’être humain est d’être maître chez lui, de nombreuses personnes âgées doivent poursuivre leur vie en institution du fait d’une santé déclinante. Pourtant, entre le logement individuel et l’hébergement en établissement, il est possible d’imaginer d’autres formes d’habitat au grand âge, qui concilient aide et intimité. C’est le cas, par exemple, des domiciles collectifs mariant logements privatifs, espaces communs et accompagnement au quotidien des habitants, que Colette Eynard, spécialiste de gérontologie sociale, a contribué à concrétiser en quelques exemplaires au cours des années 1980. Ces « utopies », pourtant, ont fini par capoter, notamment en raison d’une « réflexion peu aboutie sur les modalités et les exigences du travail professionnel » en leur sein, explique l’auteure. Précisément, c’est à imaginer qu’un établissement puisse être une véritable habitation plutôt qu’un espace de travail et de soin dans lequel vivent des « résidents » que la gérontologue s’est ensuite consacrée. Comment faire pour que les occupants des lieux puissent y recréer leur « chez eux » ? Qui a le pouvoir ? Mettant en évidence les possibles conflits d’usage entre parties en présence, Colette Eynard invite à réfléchir aux contradictions à même de survenir entre les intentions initiales et le projet architectural. Pour ne pas fabriquer des « machines à héberger », la question essentielle est une question d’échelle, souligne-t-elle. « C’est bien le changement d’échelle qui fait passer du modèle hospitalo-centré ou hôtelier au modèle de l’équivalent domicile. »
Le parcours résidentiel au grand âge. De l’utopie à l’expérience
Colette Eynard – Ed. L’Harmattan – 23 €