Dans une étude récemment publiée, la direction de l’évaluation, de la prospective et de la performance (DEPP) du ministère de l’Education nationale entend proposer, « pour la première fois, un regard sur les parcours à l’école primaire des élèves en situation de handicap »(1). Cette enquête a porté sur un panel d’enfants handicapés nés en 2005. Elle montre d’abord que l’instauration d’un projet personnalisé de scolarisation (PPS) « varie selon la nature du trouble » de l’enfant. « Ainsi, quatre enfants sur dix présentant un trouble auditif, un enfant sur quatre présentant un trouble visuel, moteur, viscéral ou plusieurs troubles associés obtiennent un PPS dès 3 ans. A l’opposé, les troubles du langage et de la parole se révélant par des difficultés dans les apprentissages, les PPS correspondants sont instaurés après l’âge de l’entrée à l’école élémentaire, [voire] après 7 ans pour plus de la moitié des enfants présentant ces difficultés », écrivent les auteurs. Par ailleurs, la moitié des enfants présentant un trouble du psychisme et 40 % de ceux ayant un trouble intellectuel et cognitif ont un PPS avant 6 ans.
L’étude révèle ensuite que la « quasi-totalité » des enfants en situation de handicap du panel ont fréquenté l’école maternelle, mais que 10 % n’étaient pas encore scolarisés à 3 ans et que 2 % ne l’étaient pas à 4 ans. En outre, la satisfaction des parents d’élèves en situation de handicap vis-à-vis de l’école maternelle se révèle « bien moindre » que celle des parents d’élèves du même âge, s’agissant de l’enseignement reçu (un tiers ont été peu ou pas satisfaits contre 5 % pour les autres parents). « L’apport de l’école maternelle pour les parents d’enfants en situation de handicap réside davantage dans la socialisation (une meilleure adaptation à la vie avec les autres, plus de discipline et de respect des règles, de l’autonomie dans la vie quotidienne) que dans les apprentissages (meilleure maîtrise du langage, bonnes bases pour apprendre à lire, écrire, compter) », souligne l’étude.
A 6 ans, âge à partir duquel l’instruction est obligatoire, 60 % des élèves en situation de handicap étaient en CP en classe ordinaire, 25 % en maternelle, 7 % étaient en CLIS (classe pour l’inclusion scolaire, remplacée depuis une circulaire du 21 août 2015 par l’appellation unité localisée pour l’inclusion scolaire [ULIS]-école) et autant en établissement de soins ou médico-social, tandis que 1 % d’entre eux n’étaient pas scolarisés. Quatre ans plus tard, « un tiers des enfants en situation de handicap entrés « à l’heure » au CP [en 2011] atteint le CM2 « à l’heure » [et] environ un quart atteint le CM1 avec un an de retard », indiquent les auteurs. Au total, à 10 ans, 46 % des élèves en situation de handicap sont scolarisés en classe ordinaire contre 85 % à 6 ans.
Les parcours de scolarisation dépendent, assez logiquement, du type de handicap (à titre d’exemple, six élèves sur dix présentant des troubles intellectuels ou cognitifs sont scolarisés en CLIS à 10 ans), mais également du contexte social. Ainsi, les enfants issus de « milieux très favorisés » parviennent en CM2 à l’âge normal pour ce niveau, plus souvent que ceux de milieux défavorisés (39 % contre 15 %), ces derniers étant plus souvent scolarisés en CLIS (45 % contre 23 %). Ces différences sociales se manifestent dès l’entrée en école élémentaire puisqu’à 6 ans, « les enfants présentant des troubles intellectuels ou cognitifs de milieu défavorisé étaient déjà plus souventen CLIS que ceux de milieu très favorisé (11 % contre 6 %) [qui sont] plus souvent maintenus en maternelle (38 % contre 26 % pour les défavorisés) ». Cette tendance se confirme pour les 14 % d’enfants ayant un trouble envahissant du développement (TED), qui étaient exclusivement en établissement médico-social à 6 ans : cette proportion atteint en effet 17 % pour les enfants issus d’un milieu défavorisé et n’est que de 9 % pour ceux d’un milieu très favorisé.
(1) Enquête disponible à l’adresse