Recevoir la newsletter

Lutte contre la radicalisation : Manuel Valls veut diversifier la prise en charge et mieux informer les maires

Article réservé aux abonnés

Le Premier ministre a clôturé, le 24 octobre, les premières « rencontres nationales » contre la radicalisation, un événement qui réunissait notamment élus locaux et représentants de l’Etat, et au cours duquel plusieurs tables rondes se sont tenues autour de ce sujet. L’occasion pour Manuel Valls d’aborder les thèmes de la prévention de la radicalisation, de la prise en charge des personnes radicalisées et de l’information des maires.

Comprendre la radicalisation

Le Premier ministre a notamment reconnu que les nombreux débats sur «  les raisons qui poussent les individus à basculer dans la radicalisation et le terrorisme » sont «  légitimes  », lui qui estimait pourtant au lendemain des attentats de novembre 2015 qu’« expliquer » la radicalisation, c’était déjà « vouloir un peu excuser ». Changement de discours aujourd’hui : « Nous avons besoin du travail des chercheurs, des universitaires, des spécialistes pour analyser, appréhender ce phénomène dans sa globalité, et dans sa complexité. » « Il s’agit de comprendre les différents ressorts – sociologiques, psychologiques, psychiatriques – qui amènent à basculer dans le terrorisme. » « Comprendre, non pas pour expliquer, justifier […] mais pour combattre plus efficacement », a-t-il toutefois pris soin de préciser.

Au passage, Manuel Valls a annoncé que le gouvernement avait décidé de soutenir et de structurer les actions de recherche sur la radicalisation, afin de pouvoir « s’appuyer sur des bases scientifiques toujours plus solides ». « Les moyens alloués à ce terrain d’études seront augmentés. Il y aura des créations de postes, l’attribution de bourses de recherches », a-t-il promis. La ministre de l’Education nationale, de l’Enseignement supérieur et de la Recherche devrait en préciser l’ampleur pour 2017 « au cours des prochaines semaines ».

Enfin, le conseil scientifique prévu par le plan d’action gouvernemental lancé en mai dernier(1) « sera créé dans les prochains jours ». « Il sera composé pour moitié d’universitaires, et pour moitié de représentants de l’Etat et des services publics. »

Doubler les capacités de prise en charge

« En deux ans et demi, a indiqué le Premier ministre, 12 000 personnes ont été signalées pour radicalisation, permettant alors à nos services de renseignement de procéder à des vérifications systématiques pour recouper ces informations – confirmées dans environ 70 % des cas. » En parallèle de l’activité de surveillance et de l’action judiciaire, « nous avons travaillé à une meilleure prise en charge sociale, éducative, psychologique ou psychiatrique », a-t-il insisté. « Nous avons fait beaucoup… mais nous sommes encore loin du compte. » Manuel Valls estime ainsi qu’il faudra « au moins doubler les capacités de prise en charge d’ici à la fin 2017  ». Il considère aussi qu’il faudra «  diversifier les modalités de prise en charge, territoire par territoire, et soutenir les acteurs qui s’investissent dans ce champ d’action ». « Déjà, depuis mai, les dispositifs locaux sont passés de 1 600 à 2 240 individus pris en charge, et de 800 à 970 familles accompagnées. »

Informer régulièrement les maires

Tout en opposant une fin de non-recevoir à la proposition de loi déposée il y a quelques jours par le sénateur (UDI) de l’Eure, Hervé Maurey – destinée à « permettre aux maires de connaître l’identité des personnes “fichées S” résidant dans leur commune » –, le Premier ministre a toutefois précisé que les préfets ont le devoir « d’informer régulièrement les maires sur la nature et l’intensité des menaces qui concernent leur territoire  ». « On peut se dire beaucoup de choses dans le cadre d’une relation de confiance, et même donner beaucoup de détails qualitatifs, en respectant pour autant les secrets protégés par la loi », a-t-il complété. Précisant qu’il fallait aussi, à ce titre, « prendre garde à ne pas placer les maires en situation de responsabilité politique ou juridique par le maniement inapproprié d’informations sensibles et nominatives qui relèvent des services de l’Etat ».

Enfin, alors que le ministre de l’Intérieur a constitué, le 14 octobre dernier, un groupe de travail avec les organisations d’élus pour clarifier les possibilités d’échanges d’informations, Manuel Valls estime évident, sans préjuger de ses conclusions, « que les cellules départementales de suivi sont déjà un outil particulièrement utile de traitement des situations individuelles, en lien avec les services publics qui relèvent de l’autorité des maires, des présidents d’intercommunalités et des présidents de conseils départementaux ». « Dans ce cadre, le partage d’informations avec les élus existe déjà très largement. »

Notes

(1) Voir ASH n° 2960 du 13-05-16, p. 12.

Côté cour

S'abonner
Div qui contient le message d'alerte
Se connecter

Identifiez-vous

Champ obligatoire Mot de passe obligatoire
Mot de passe oublié

Vous êtes abonné, mais vous n'avez pas vos identifiants pour le site ?

Contactez le service client 01.40.05.23.15

par mail

Recruteurs

Rendez-vous sur votre espace recruteur.

Espace recruteur