Lorsqu’il s’est agi de faire reconnaître le diplôme d’Etat d’assistante sociale, instauré en 1938, les professionnelles avaient argumenté du côté de leur « expertise » – même si ce n’était peut-être pas là le terme employé, explique Régis Robin, formateur en travail social. Depuis, l’expertise a été consacrée comme un élément constitutif de la professionnalité des travailleurs sociaux. Mais que recouvre cette notion ? Elle suscite une grande ambivalence chez les assistantes de service social que l’auteur a rencontrées. Celles-ci sont en mesure de décrire par le menu les multiples facettes des savoirs et savoir-faire qu’elles mettent concrètement en œuvre – « l’expertise en acte dans la pratique », résume le formateur. Mais elles achoppent sur la façon de désigner cette compétence. L’« expertise sociale » serait une expression « galvaudée », « difficile à raccrocher avec le terrain », interrogeant sur « la place de l’humain », qui est « à mettre en lien avec la notion de contrôle », soulignent les enquêtées. Cela ne les empêche cependant pas d’apprécier ce que l’appellation évoque en termes de valorisation et de reconnaissance pour se sentir légitime dans ses interventions comme dans ses propositions en matière sociale. Nourrissant sa réflexion d’apports érudits, Régis Robin conclut à une forme d’expertise des assistantes de service social « au sens d’un “certain regard”, d’une spécificité liée, notamment, à […] un rôle d’“interface” » entre les usagers et la société. Cette expertise sociale est celle de « savoir lier » des logiques et approches différentes. Soit un art du métissage insuffisamment mis en avant.
L’expertise sociale.
La définir pour l’agir ?
Régis Robin – Ed. Chronique sociale – 15,90 €