Recevoir la newsletter

Administration kafkaïenne

Article réservé aux abonnés

Cette année encore, le festival de Cannes a honoré de la Palme d’or un film « social », Moi, Daniel Blake. Le long métrage de Ken Loach retrace le parcours chaotique de deux personnes sans emploi. C’est d’abord l’histoire de Daniel, veuf de 59 ans, menuisier contraint à un arrêt de travail après avoir été victime d’une crise cardiaque. L’inactivité lui pèse, mais son médecin lui interdit de travailler tant qu’il n’est pas complètement remis. S’il est logiquement en droit de toucher des allocations compensatoires, le Pôle emploi britannique – qui sous-traite ses bilans médicaux à un prestataire extérieur – ne le voit pas de cet œil. Bientôt, Daniel est jugé « apte au travail » par l’administration et se voit refuser toute prestation sociale. On le somme de se mettre à la recherche d’un emploi sous peine de sanction. Les aberrations administratives se succèdent et Daniel, d’abord coopératif, manque de perdre la tête. Lui qui ne s’est jamais servi d’un ordinateur est obligé de remplir des formulaires en ligne, de rédiger un CV et d’apporter des preuves de ses démarches de recherche d’emploi, alors même qu’il est trop malade pour travailler !

C’est au cours d’un de ses nombreux passages au Job Centre qu’il croise Rachel, mère célibataire de deux enfants, à peine sortie d’un centre d’hébergement, qui enchaîne elle aussi les galères. Ils vont s’épauler pour tenter de surmonter les obstacles qui se dressent sur leur chemin.

Le film, brut, est à forte charge politique. Loach a choisi d’aborder ce thème « à cause du dénigrement systématique de la presse de droite contre les bénéficiaires de l’aide sociale », mais aussi parce qu’il a noué des liens forts avec des travailleurs sociaux de Nuneaton, petite ville du centre de l’Angleterre où il a passé son enfance. Grâce à eux et aux bénévoles de la banque alimentaire, il a recueilli de nombreux témoignages de personnes précaires « qui devaient choisir entre se chauffer et manger », d’hommes et de femmes victimes de sanctions de la part du Département des affaires sociales, ou encore de locataires jetés à la rue « parce qu’ils avaient eu l’audace de se plaindre de l’insalubrité de leur logement ». C’est de tous ces gens dont son scénariste s’est inspiré pour composer son intrigue angoissante et mettre en lumière « l’inefficacité volontaire de l’administration ».

Moi, Daniel Blake

Ken Loach – En salles le 26 octobre

Culture

S'abonner
Div qui contient le message d'alerte
Se connecter

Identifiez-vous

Champ obligatoire Mot de passe obligatoire
Mot de passe oublié

Vous êtes abonné, mais vous n'avez pas vos identifiants pour le site ?

Contactez le service client 01.40.05.23.15

par mail

Recruteurs

Rendez-vous sur votre espace recruteur.

Espace recruteur