Bien qu’à leur décès, l’âge moyen des personnes sans abri soit de 49 ans (contre 82 ans dans la population générale), on rencontre parmi elles « un nombre grandissant de personnes âgées ». C’est ce que rappelle le SAMU social de Paris en introduction de ses « 15 propositions pour que la rue cesse d’être une fatalité pour les sans-abri vieillissants », remis à la municipalité dans le cadre de l’élaboration du schéma parisien en direction des seniors 2017-2021(1). En moyenne, 16 % des personnes accueillies dans les centres d’hébergement d’urgence à Paris ont plus de 60 ans, et, dans certaines structures, ce taux peut atteindre 40 %, indique le document, rendu public le 12 octobre, à la veille d’un colloque organisé par l’association Aurore sur « Les angles morts de la solidarité : les enjeux du vieillissement ».
Afin de faciliter l’accès aux dispositifs de droit commun pour les personnes sans domicile vieillissantes, le SAMU social propose de systématiser, « dès 55 ans », les dérogations d’âge pour toutes celles ayant un « parcours de rue important » et des problématiques associées (addictions, santé…). Car l’orientation de ces hommes et de ces femmes ressemble à un « parcours du combattant » : les critères d’âge sont inadaptés pour les publics à la rue, souvent trop âgés « pour relever de certaines structures [et] parfois trop jeunes pour entrer dans des dispositifs dédiés aux personnes âgées », souligne l’organisation. De plus, ces publics sont parfois stigmatisés du « fait d’une méconnaissance » de la part des établissements pour personnes âgées, qui « freinent leur admission de crainte de difficultés liées à la cohabitation avec les résidents » ou de préjugés sur leur supposée consommation d’alcool. S’ajoutent à cela des blocages en raison d’une situation administrative complexe « liée […] à la perte d’identité ou de tout historique administratif dans le pays d’origine ».
Le SAMU social préconise en outre de simplifier les démarches d’obtention de l’aide sociale légale, en rendant son acquisition « valable sur l’ensemble des départements, pour faciliter les recherches d’établissements adaptés ». Il recommande de faciliter l’accès aux dispositifs médico-sociaux (EHPAD, résidences services, résidences appartements), par exemple en informant les SIAO (services intégrés d’accueil et d’orientation) « des places disponibles, pour favoriser des propositions d’orientation » vers celles-ci, en examinant la possibilité de créer des « contingents de places dédiées aux personnes hébergées ou sans abri dans les dispositifs sociaux et médico-sociaux pour personnes âgées », ou encore en menant « une action de repérage des personnes à la rue de plus de 60 ans en lien avec les équipes de maraudes et les ESI [espaces solidarité insertion], coordonnée par le SIAO urgence ». Le document prône aussi l’orientation de petits groupes de sansdomicile « qui se choisissent » entre eux dans des structures pour personnes âgées afin d’améliorer leurs chances d’intégration et d’éviter leur isolement.
Il souligne, par ailleurs, la nécessité de développer la coordination et l’intervention conjointe des professionnels du secteur social, médico-social et sanitaire pour favoriser l’accès et le maintien dans les structures de droit commun. Dans ce cadre, pourraient être multipliées les réunions-supports d’information et de formation pour les travailleurs sociaux intervenant dans les centres d’hébergement, les accueils de jour et les maraudes – sur les dispositifs d’aide aux personnes âgées et les dispositifs ressources à solliciter (CLIC/MAIA[2]).
Pour les personnes vieillissantes « à droits incomplets », le SAMU social de Paris suggère de créer des dispositifs intermédiaires, comme des « prises en charge temporaires qui permettraient à la personne de s’adapter à la structure et de choisir de s’y maintenir ou non ». Il conviendrait également, selon l’organisation, de créer « des structures spécifiques adossées à des EHPAD pour les personnes de plus de 60 ans, hébergées dépendantes, mais non admises en structures pour personnes âgées ». Enfin, le SAMU social insiste sur le besoin de mieux connaître ces populations, réclamant le développement de l’observation sociale surleurs besoins : il faut « poursuivre le recensement des personnes âgées hébergées » et produire « des indicateurs à partir des données collectées en routine par le 115 et le SIAO », mais également à partir de celles des maraudes, tandis que des « enquêtes flash » pourraient être réalisées dans les ESI.
(1) A télécharger sur
(2) Centres locaux d’information et de coordination ou méthodes d’action pour l’intégration des services d’aide et de soins dans le champ de l’autonomie.