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Les mineurs isolés rencontrés par Médecins du monde cinq fois plus nombreux qu’en 2010

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Rendu public le 13 octobre, quelques jours avant la Journée mondiale du refus de la misère, le dernier rapport annuel de Médecins du monde sur l’accès aux droits et aux soins des plus démunis en France témoigne à nouveau « des difficultés persistantes » qu’ils rencontrent pour accéder à leurs droits et se faire soigner(1). L’année 2015 « a été marquée en particulier par une crise migratoire sans précédent illustrant des conditions d’accueil inadaptées » et a connu « une multiplication des démantèlements de campements et autres bidonvilles, le plus souvent sans solution de relogement », rappelle l’association, dont le rapport est étayé par les données d’activités des 67 programmes qu’elle mène dans 34 villes françaises, en particulier dans ses 20 centres d’accueil de soins et d’orientation (CASO). En 2015, ces structures ont reçu 30 571 personnes, sachant que pour les trois quarts d’entre elles il s’agissait du premier contact avec l’association. La plupart (81,2 %) s’adressent au CASO pour un problème de santé, les autres « expriment une demande d’accompagnement social ou juridique ».

Le rapport décrit le profil sociodémographique et les conditions de vie des personnes accueillies : il s’agit majoritairement d’hommes (62 %), dont la moyenne d’âge est de 33 ans. Plus de 95 % de la file active est de nationalité étrangère (majoritairement d’Afrique subsaharienne, du Maghreb et de l’Union européenne), moins d’une personne sur dix dispose d’un logement personnel, près de six sur dix sont hébergées par de la famille, des amis ou une association, 9 % occupent un logement précaire et 20 % sont sans domicile fixe. Enfin, 97 % vivent sous le seuil de pauvreté. A noter que parmi les patients accueillis en 2015, 12,7 % étaient des mineurs, dont près de la moitié âgés de moins de 7 ans. Les conditions de logement de ce public « sont très dégradées » (20 % vivent dans un squat ou un campement et 21 % sont sans domicile fixe), souligne Médecins du monde, et 16 % de ces jeunes sont seuls sur le territoire français. « En cinq ans, le nombre de mineurs isolés rencontrés, vivant le plus souvent à la rue, a été multiplié par cinq. »

Médecin du monde livre également des informations sur l’état de santé des personnes accueillies : en 2015, « les principaux diagnostics sont les pathologies respiratoires (24 % des patients), digestives (23 %) et ostéoarticulaires (19 %) » et 59 % des patients souffrent d’une pathologie chronique. En outre, « un retard de recours aux soins est constaté pour près de 40 % des consultations ». S’agissant de l’accès aux dispositifs de droit commun, « près de neuf personnes sur dix étaient dépourvues de couverture maladie lors de leur première visite au CASO, quelle que soit leur situation administrative », indique Médecins du monde. Ces difficultés d’accès aux droits « s’inscrivent dans la durée » puisque plus de deux étrangers sur trois résidant en France depuis plus de dix ans ne disposent pas de couverture maladie lors de leur première visite au CASO. Parmi les obstacles à l’accès aux droits et aux soins identifiés par l’association, les difficultés administratives arrivent en tête de liste (30 %), juste devant la méconnaissance des droits et des structures (26 %), la barrière linguistique (19 %) et les difficultés financières (18 %). « Près d’un patient sur quatre âgé de 16 ans et plus nécessite une domiciliation administrative pour accéder aux droits », ajoute le rapport.

Outre leurs consultations dans les CASO, les équipes de Médecins du monde mènent plusieurs types d’actions d’« aller-vers », dont le rapport rend compte. En effet, « soucieux de ne pas opposer les précarités, nous continuons, sans discrimination, à mener des actions de proximité auprès des plus démunis et des personnes plus exposées à des risques sanitaires », expliquent les représentants de l’association. Ses équipes vont ainsi à la rencontre des personnes à la rue, en squat ou en bidonville, des migrants en transit, des personnes incarcérées, des usagers de drogues et des personnes prostituées, autant de publics qui ne peuvent, quel qu’en soit le motif, faire la démarche de venir eux-mêmes dans des structures fixes.

Notes

(1) Rapport à télécharger sur goo.gl/9O50Mu.

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