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Inquiétudes sur les conditions du démantèlement de la « jungle » de Calais

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Après l’autorisation donnée au gouvernement par le tribunal administratif de Lille, le 18 octobre, d’évacuer le bidonville de Calais (voir ce numéro, page 42), l’inquiétude sur les conditions de ce démantèlement, annoncé comme imminent, prévalait parmi les acteurs associatifs. Les 11 organisations déboutées de leur requête déposée en référé – dont l’Auberge des migrants, Emmaüs France, le Groupe d’information et de soutien aux immigré(e)s et le Secours catholique – estiment que « la destruction annoncée du bidonville de Calais et l’expulsion de ses habitants sans diagnostic approfondi de la situation et des projets des personnes, sans propositions de solutions diverses prenant en compte ce diagnostic, auront des conséquences dramatiques ». Aucune solution de relogement « n’a pu être présentée pour les personnes qui refuseront ou quitteront rapidement les centres d’accueil et d’orientation », déplorent-elles. « Cette absence de solutions, dont nous voyons déjà les premiers effets avec le départ de personnes vers d’autres lieux de passage (Paris, Belgique…), conduira inévitablement à la reconstitution de bidonvilles encore plus précaires », poursuivent les associations, en exprimant une inquiétude particulière à l’endroit des mineurs isolés, « pour lesquels aucune solution crédible n’a pu nous être présentée lors de l’audience devant le juge administratif ». Pour expliquer leur saisine du tribunal, les associations avaient invoqué le non-respect par le gouvernement des engagements pris sur les conditions du démantèlement. « Le diagnostic annoncé se résume à un comptage aléatoire, ne pouvant ni apprécier ni respecter les droits essentiels des personnes exilées. Par ailleurs, le caractère très rapide de l’opération ne peut que provoquer de nombreuses tensions », avait fait valoir le Secours catholique, qualifiant le projet de « sécuritaire et brutal ».

Pour leur part, la FNARS, France Terre d’Asile, Emmaüs Solidarité, le Secours islamique, Aurore, Coallia, et le Groupe SOS ont renouvelé leur soutien à cette évacuation avant le 1er novembre. De leur point de vue, « alors que l’Etat organise, avec les associations, l’ouverture de plusieurs milliers de places en centre d’accueil et d’orientation (CAO) sur l’ensemble du territoire national – parfois dans un climat de tension – pour mettre à l’abri les migrants et les accompagner dans leurs démarches d’asile et d’intégration, il n’est pas dans l’intérêt des personnes qui vivent dans des conditions dramatiques de retarder l’évacuation ». Selon Florent Gueguen, directeur général de la FNARS, il importe notamment « que les personnes soient hébergées avant le déclenchement du plan hivernal qui sera particulièrement compliqué [cette année] ».

Les sept organisations proposent cependant au gouvernement la signature d’un protocole, à formaliser rapidement, à même d’assurer « une opération humanitaire respectueuse de la dignité des personnes ». Celui-ci pose six conditions. La première : réaliser un diagnostic individuel avant l’orientation vers les CAO comprenant a minima la nationalité, la composition familiale, la situation par rapport à la demande d’asile et une évaluation des besoins sanitaires immédiats – évaluation qui « doit être réalisée par un binôme travailleur social et soignant, soutenu par un interprète ». Les associations demandent également à l’Etat de proposer à chaque personne une place d’hébergement comportant un accompagnement à l’accès aux droits, aux soins et à la demande d’asile pour ceux qui le souhaitent, de leur fournir, avant leur départ, « une information compréhensible sur leur lieu d’hébergement et sur les prestations proposées » et de créer des places dédiées aux mineurs avec un accompagnement socio-éducatif adapté. Elles exigent aussi « qu’une partie des capacités d’accueil du centre Jules-Ferry soit maintenue en fonctionnement, notamment pour l’accueil et l’orientation des mineurs et éviter la reconstitution immédiate de campements sauvages ». Elles souhaitent que soit ouverte et consolidée « une voie de migration légale vers la Grande-Bretagne, notamment pour les mineurs y ayant de la famille ». Par ailleurs, elles considèrent que l’Etat doit « s’engager, dans le cadre de cette opération humanitaire, à ce qu’aucune personne qui refuserait d’être orientée en CAO ne fasse l’objet d’une mesure de rétention ».

Selon Florent Gueguen, l’avenir du centre d’accueil provisoire (CAP), l’une des pierres d’achoppement entre les associations et l’Etat, « est l’un des points qui a avancé » avec les ministères du Logement et de l’Intérieur. « Si le projet de reconversion du CAP n’a pas clairement été défini, ni acté par le gouvernement, l’idée est celle d’un CAO de transit où les personnes n’auraient pas vocationw à rester. » La FNARS doit ainsi écrire un projet dans ce sens avec l’association La Vie active, qui gère actuellement le CAP. Celui-ci devra ensuite être validé par l’Etat et le conseil départemental. Reste encore les inquiétudes sur la situation des mineurs isolés, dont le nombre est estimé à 1 300 par France terre d’asile. Le 18 octobre, le ministère de l’Intérieur a affirmé sa volonté « d’amplifier » la concrétisation des procédures de regroupement familial en Angleterre, annonçant plus de 20 départs en deux jours. En attendant l’examen de leur dossier, les mineurs devraient être mis à l’abri au sein du CAP. Pour ceux qui ne souhaitent pas passer outre-Manche, 550 places devraient être réservées à leur accueil, en attendant leur prise en charge par les départements. Lesquels commencent déjà à arguer de la saturation des dispositifs…

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