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Installer un jardin thérapeutique

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Connus outre-Atlantique depuis un demi-siècle sous l’appellation « healing gardens », les jardins thérapeutiques se développent enfin en France.

« Le jardin aurait toutes sortes de vertus, même celle de soigner ? » Etienne Bourdon, gérontologue et architecte-paysagiste, en doutait. Aujourd’hui, il dirige O Ubi Campi, qui a installé une soixantaine de jardins thérapeutiques dans des EHPAD, des établissements du secteur du handicap et de l’addictologie. « Troubles du comportement ou du sommeil, chutes, manque d’estime de soi, pertes de mémoire : le jardin peut non seulement stabiliser un état de santé mais aussi permettre de récupérer des facultés », assure celui qui a mené de nombreuses études cliniques. « Mais si les plantes réduisent le stress et l’anxiété, pour faire d’un jardin un lieu à vocation “thérapeutique”, il faut y ajouter des éléments. » Le bureau d’études a ainsi développé 70 ateliers paysagés conçus pour prendre en charge les troubles cognitifs, comportementaux ou d’autonomie fonctionnelle, parmi lesquels le cadran solaire végétal, l’espace sérénité ou « reflet de soi ».

Du patio au parc arbore

La taille du jardin doit s’adapter à son environnement. O Ubi Campi a conçu des jardins de 50 m2 sur des patios ou aménagé des parcs de 800 m2 . Les tarifs oscillent de 10 000 à 120 000 € en fonction du terrain existant. Même ordre de prix chez Terramie, autre concepteur. Nathalie Joulié-Morand, sa directrice, propose une prestation complète, du diagnostic à la réalisation en passant par la formation des professionnels et un suivi sur le long terme. Elle considère que le jardin peut « tout simplement améliorer la vie ». « Il faut qu’il stimule les cinq sens, conjugue des éléments artistiques, des outils d’activités physiques adaptées, des lieux d’échange et surtout des espaces pour solliciter le résident – comme une table de culture surélevée, une serre, des arbres fruitiers à hauteur pour la cueillette… »

La rédaction d’un cahier des charges

Nathalie Joulié-Morand rappelle que si beaucoup d’éléments peuvent être fabriqués par les équipes des établissements, faire appel à des paysagistes permet d’éviter les problèmes d’insécurité : « Nous vérifions les angles, la largeur des allées et le niveau de pente, les mains courantes, veillons à la qualité et la durabilité des matériaux. »

Directeur de l’EHPAD La Charmille, à Saint-Quirin (Moselle), Eric Morgenthaler a fait appel dès 2013 à un franchisé Terramie pour aménager l’espace vert de son unité Alzheimer. « Nous avons rédigé un cahier des charges avant d’aller voir le prestataire. Après de nombreux échanges et le temps de trouver les financements, le jardin a été inauguré en mars 2014 », explique-t-il. L’objectif était de proposer aux résidents – la plupart d’anciens agriculteurs – un lieu de réminiscence où ils peuvent déambuler mais aussi « se défouler » lors de crises aiguës. Le jardin comporte une partie potager, un espace de contemplation avec des couleurs vives et des plantations qui peuvent être arrachées. « Il est totalement investi par les malades d’Alzheimer et le personnel, et de nouveaux projets viennent sans cesse s’y greffer », s’enthousiasme le directeur, qui cite l’échange avec la MECS du village – les enfant viennent faire de petits bricolages avec les personnes âgées – ou la présence d’une art-thérapeute qui décore troncs et bancs avec l’aide des résidents.

Un jardin sensoriel pour personnes autistes

Le jardin thérapeutique de l’IME La Chalouère, à Angers (qui accueille 30 enfants de 3 à 14 ans) a ouvert à la fin 2013 mais continue d’évoluer. « Lieu d’expression, de découverte, de stimulation et d’éveil sensoriel et physique, il a été conçu par l’ensemble des professionnels de l’établissement sur la base de l’évolution des connaissances sur l’autisme : la perception de leur environnement et de leur corps est perturbée, d’où l’importance du travail autour d’ateliers à thématiques multisensorielles », explique Michel Forgeau, directeur du pôle « enfants » à l’association Handicap’Anjou. Divisé en quatre espaces (patio sensoriel, aire de jeux, espace détente et découverte, espace sonore et boisé équipé de sculptures musicales réalisées par un artiste local), le jardin permet de stimuler les fonctions visuelles, tactiles, auditives et vestibulaires, mais aussi d’établir du lien social, puisque le lieu est ouvert aux autres établissements de l’association ainsi qu’aux écoles de la ville. Handicap’Anjou a fait appel à diverses fondations pour subventionner ce projet d’un coût total de 97 000 €. Sa réalisation a été menée par la société Nicolas Paysages, qui s’est appuyée sur les savoir-faire d’un ESAT local.

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