Christine Maurey est assistante sociale. Depuis vingt-cinq ans, elle travaille dans un établissement pour enfants ayant un handicap sensoriel, auditif ou visuel ou un trouble majeur du langage. Une fonction « difficile, car seule de son genre au milieu d’autres professions », mais aussi « riche, complexe, voire questionnée ». « Il faut sans cesse prouver que l’on sert à quelque chose, écrit-elle, sachant qu’en termes d’évaluation, peu de paramètres existent pour mesurer l’utilité d’un poste d’assistante sociale. » Dans ces Chroniques écrites à la première personne, Christine Maurey relate quelques situations marquantes, sources de tensions, de questionnements et, parfois, de remise en cause de pratiques professionnelles tenues pour acquises. Il y est question de Dorian, un garçonnet doux et docile révélant les mauvais traitements infligés par sa famille d’accueil, et de son départ de l’établissement sitôt la situation révélée à la justice. De la césure entre les « professionnels » et les assistantes familiales. Des dérives de la « machine à tout savoir », avec ces réunions de synthèse où se partagent d’abord « l’anecdotique et le croustillant », sous couvert de secret professionnel partagé. Mais aussi « de tous les retours positifs, de tous les contacts extrêmement porteurs avec les enfants et avec les parents ». A 55 ans, l’âge du bilan, Christine Maurey le reconnaît : elle a soutenu, accompagné, parfois porté, et parfois elle n’a « servi à rien ». Mais jamais sa lucidité ne confine à l’amertume. « Je n’ai pas l’envie de faire l’apologie de cette profession, conclut-elle. Mais c’est mon métier et je continue d’y trouver un intérêt de chaque jour. »
Chroniques d’une AS en milieu médico-social
Christine Maurey – Ed. L’Harmattan – 16 €