« Père », « mère », « papa », « maman »… Le psychologue clinicien Daniel Coum invite à revisiter ces « catégories chargées d’histoire, de sens et d’affects » dans un ouvrage collectif qu’il coordonne. Une réflexion plurielle qui vient faire écho aux évolutions de nos façons de « faire famille », lesquelles ont subi autant de transformations que celles du « faire société », commente la philosophe et psychanalyste Cynthia Fleury. Il reste, néanmoins, certains invariants. Aujourd’hui, comme hier, les parents servent d’interface à l’enfant pour expérimenter le monde, explique Cynthia Fleury. Cette médiation n’est pas toujours assurée par les géniteurs. Ainsi, chez les Moso de Chine, peuple sans pères ni maris, « les fonctions que nous nommons chez nous paternelles se passent d’une organisation patriarcale et machiste de la famille et de la société », développe le psychanalyste Patrick de Neuter. Précisément, l’intérêt du concept de « parentalité » est qu’il permet d’envisager les fonctions d’être parent, plus que la structure même du système de parenté, analyse Nathalie Chapon, spécialiste en sciences de l’éducation. Ce qui « laisse entrevoir, pour des individus faisant “fonction de parents”, la possibilité d’une extension des rapports de parentalité », comme c’est le cas dans l’accueil familial que la chercheuse qualifie de « parentalité d’accueil ». Tout en insistant également sur la complexité des « ingrédients » qui contribuent à fabriquer la parentalité, la psychiatre Marie Rose Moro invite surtout à se garder de tout jugement sur « la meilleure façon d’être père ou d’être mère ».
Avons-nous besoin de père et de mère ?
Sous la direction de Daniel Coum – Ed. érès – 23 €