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La vie mal logée

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Albert, 56 ans, a vécu dans une chambre parisienne de 6 m2 pendant plusieurs mois. Il payait 350 € à un propriétaire peu recommandable : le local n’avait ni douche ni chauffage, l’électricité n’était pas aux normes et les fuites d’eau par le vasistas étaient monnaie courante. Aujourd’hui, l’ancien gardien d’immeuble a été relogé dans un studio plus décent. Pendant qu’il occupait son logement insalubre, Albert a été immortalisé par Sébastien Godefroy, assis sur son lit et entouré de toutes ses possessions. Ce portrait se retrouve aujourd’hui rue Lobau, sur l’un des murs de l’Hôtel de Ville de Paris, dans le cadre d’une exposition photo inaugurée pour le lancement de la campagne #Onattendquoi (voir ce numéro, page 22). A ses côtés, une vingtaine d’autres images de personnes mal logées suivies par la Fondation Abbé-Pierre : Patrick, qui vit dans sa voiture ; Kati, saisonnière de 22 ans installée dans une sorte de cabane ; Kazi et sa famille, qui ne cessent d’appeler le 115 ; ou encore Bernard, propriétaire d’une maison devenue insalubre. Sébastien Godefroy a sillonné à vélo la France à la rencontre de ces « invisibles ». « L’idée était de couvrir le plus de régions possible », indique l’artiste, qui a été orienté vers ses modèles par les travailleurs sociaux de la fondation. Pour ce reportage, il a choisi la technique argentique grand format : « L’envie était de m’essayer à une autre photographie en oubliant un temps mes automatismes, en renouant avec une tradition de la photographie documentaire, avec la volonté de prendre le temps et d’aller à la rencontre et d’écouter ceux qui souffrent », explique celui qui côtoie depuis longtemps les sans-abri et les précaires(1). Il analyse : « Je me suis rendu compte que les photographies que je réalisais de ces personnes vivant dans la misère auraient pu être faites il y a cent ans. Hélas ! » Au retour de son périple, Sébastien Godefroy a confié les récits de vie des personnes rencontrées à deux ethnologues, Philippe Geslin et Carole Baudin, qui s’en sont servis pour rédiger l’ensemble des légendes et six panneaux de textes également accrochés à l’Hôtel de Ville. Des phrases chocs – comme celle d’Isabelle – qui montrent que sans logement, il n’y a rien : « S’il n’y avait pas cette humidité, ces moisissures, je pourrais recevoir ma fille qui est chez son père, et mon fils qui est en famille d’accueil. Je pourrais leur donner l’amour que je n’ai pas reçu. »

Notes

(1) Voir ASH n° 2637 du 18-12-09, p. 42.

Portraits de la France des mal-logés

Sébastien Godefroy – Jusqu’au 9 octobre – Rues de Rivoli et Lobau, Paris IVe

Culture

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