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Démantèlement de la « jungle » de Calais : les associations ont posé leurs conditions

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Tout faire pour que les expériences malheureuses pour tenter de faire disparaître le bidonville de Calais ne se répètent pas. C’est à la fois le vœu des associations, selon lesquelles le démantèlement prochain de la « jungle », dont la date n’a pas encore été précisée, ne saurait être entrepris sans garanties pour l’accompagnement des personnes, et l’engagement du gouvernement, qui promet une solution pérenne pour sortir de cette impasse créée par la crise migratoire. Mais c’est sans compter sur la résistance de certains élus, que le ministre de l’Intérieur et la ministre du Logement s’attachent à rassurer (voir ce numéro, page 12). Leur opposition a rapidement déclenché une passe d’armes politique : en réaction aux déclarations les plus hostiles, notamment de Laurent Wauquiez, président (LR) de Auvergne-Rhône-Alpes, une vingtaine d’édiles socialistes ont publié un « appel des maires solidaires », tandis que cinq représentants de régions, également socialistes, ont défendu « l’expérience acquise dans l’accueil des demandeurs d’asile en provenance de Calais ». Alors que le gouvernement promet une coopération avec les élus après le recensement des sites disponibles, l’Association des maires de France (AMF) ne cache pas son inquiétude. Elle demande que soit privilégié « le volontariat des communes » et réclame la prise en compte de « la capacité d’accueil, mais aussi des conditions économiques, sociales et financières » des villes concernées.

Lors d’une réunion qui s’est tenue le 20 septembre, Bernard Cazeneuve et Emmanuelle Cosse ont, en revanche, rassuré les associations sur les conditions du démantèlement de la « jungle » de Calais, où vivent entre 7 000 et 10 000 personnes selon les sources. « Notre première demande était de réaliser un diagnostic, non seulement pour compter, mais surtout qualifier la situation des personnes », explique Véronique Fayet, présidente du Secours catholique, qui voit aussi dans cette démarche un moyen de couper court aux discours sur la présence de migrants économiques dans le bidonville. D’après le ministère de l’Intérieur, plus de 80 % des personnes présentes sur la « jungle » relèvent du statut de réfugié. Ce diagnostic devrait être réalisé « sous l’autorité d’une personne indépendante », dont la nomination devrait être prochainement annoncée, précise Véronique Fayet. « L’idée d’avoir une procédure transparente et protocolisée de comptage et d’évaluation a été actée, mais nous serons vigilants sur le caractère qualitatif et partagé de la démarche », souligne Florent Gueguen, directeur général de la Fédération nationale des associations d’accueil et de réinsertion sociale (FNARS). Les ministres, « qui considèrent l’opération comme humanitaire et non policière, ont assuré que l’évacuation n’aurait pas lieu tant que les centres d’accueil ne seront pas ouverts, une proposition d’hébergement et d’accompagnement devant être faite à toutes les personnes », ajoute-t-il. Ils ont par ailleurs affirmé que les mineurs isolés ne seraient pas orientés en centres d’accueil et d’orientation (CAO), non adaptés à leur prise en charge. Pour autant, il manque encore des réponses spécifiques et à la hauteur des besoins pour ce jeune public, dont le nombre est estimé à plus de 800 sur le campement. Un sujet qui devrait faire l’objet de discussions, probablement tendues, entre les ministères concernés et les départements.

Autre engagement des ministres, selon la présidente du Secours catholique : « Que toutes les personnes se rendant en CAO ne soient pas sous la coupe du règlement “Dublin” », en vertu duquel le pays d’arrivée en Europe est responsable de la demande d’asile. « Des consignes déjà données au printemps, mais les associations ont eu des retours sur le fait qu’elles n’étaient pas respectées », précise-t-elle. L’Etat est en outre attendu sur sa capacité à accélérer les négociations avec le Royaume-Uni sur l’accueil de migrants, notamment dans le cadre du regroupement familial. A défaut, le risque est grand de voir se recréer des bidonvilles par ceux qui veulent absolument passer outre-manche.

Alors que 9 000 nouvelles places d’accueil devraient ouvrir sur le territoire, la FNARS a rappelé ses demandes pour améliorer le fonctionnement des CAO, notamment en augmentant le taux d’encadrement et en améliorant les prestations d’aide aux personnes. Elle souhaite également une clarification juridique de ces centres, « pour l’heure des ovnis juridiques non rattachés au code de l’action sociale et des familles ». « Nous avons demandé des comités de pilotage locaux avec tous les partenaires », pointe Véronique Fayet, espérant que « le soutien des associations contribuera à rassurer les élus ».

Interpellée sur la nécessité de ne pas cloisonner la politique d’accueil des migrants et celle de l’hébergement, autrement dit d’éviter une « concurrence des publics », la ministre du Logement a promis « un effort conséquent en loi de finances pour les CAO et les places hivernales », indique par ailleurs Florent Gueguen. Une réunion de préparation du « plan hiver » est prévue avec la délégation interministérielle à l’hébergement et l’accès au logement et la direction générale de la cohésion sociale.

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