Elle existait déjà, essentiellement sur la base du volontariat, portée par le militantisme des parents, qui étaient les employeurs directs des accompagnant-e-s de leurs enfants. Régulièrement, ils se voyaient opposer des refus de la part de l’école, l’accueil de leurs enfants s’effectuant selon la bonne volonté des enseignants. Il y avait ainsi des associations employeuses depuis 1982. En 1996, elles se sont fédérées au sein de la Fnaseph, qui est à l’origine du métier d’auxiliaire de vie scolaire (AVS).
La Fnaseph a obtenu en 2003 que l’Etat reconnaisse l’accompagnement des élèves handicapés comme une mission de service public. A cette date, les associations ont transféré leurs contrats à l’Education nationale, avec pour conséquence une hausse assez importante du nombre d’accompagnant-e-s. La loi de 2005 a été la deuxième grande avancée en faveur de la scolarisation des enfants handicapés, qui a d’ailleurs été facilitée du fait de l’existence des AVS. Cependant, il y a eu une très grande déception en 2009, lorsque les contrats transférés en 2003 à l’Education nationale, des CDD de six ans, sont arrivés à leur terme : nous avons alors commencé à voir des AVS pointer à Pôle emploi… Nous sommes retournés voir le ministère en lui indiquant qu’une telle gabegie humaine n’était pas possible et qu’il était indispensable de réfléchir à la pérennisation de ces contrats.
Globalement, il y a une absence d’ambition des gouvernements en matière d’accompagnement des enfants handicapés et de respect pour cette fonction. En 2013, le rapport « Komitès »(1), auquel nous avons contribué, avait pourtant posé comme principe que cet accompagnement devait s’envisager quel que soit le temps de vie de l’enfant (école, périscolaire, stage…). Or l’arbitrage de l’Etat n’a porté que sur le temps scolaire. Notre demande pour un accompagnement transverse, qui aurait permis d’éviter les ruptures de parcours, n’a pas été entendue. Autre déception : la création d’un diplôme d’accompagnant de niveau infra-bac, de niveau V(2). C’est insuffisant pour accompagner des collégiens et des lycéens : comment aider un élève à préparer le bac quand soi-même on n’en est pas titulaire ? Par ailleurs, ce diplôme est uniquement délivré par le ministère des Affaires sociales et de la Santé : il est dommage qu’il ne soit pas consigné par le ministère de l’Education nationale.
La Fnaseph a toujours préconisé un diplôme de niveau IV, ainsi qu’un cadre d’emploi pérenne. Aujourd’hui, les personnels qui exercent cette fonction sont dans une très grande précarité financière. Avec des contrats de 20 heures hebdomadaires et des salaires autour de 700 €, on ne peut pas vivre de ce travail.
Une autre grande désillusion de ces 20 dernières années concerne la formation initiale des enseignants sur les jeunes à besoins spécifiques : elle est très faible et au bon vouloir de chaque ESPE [école supérieure du professorat et de l’éducation]. C’est un frein à une scolarisation de qualité.
Elle va être bâtie à partir des échanges qui vont avoir lieu durant notre colloque. Mais nous savons déjà que l’un des grands enjeux à venir sera de passer de la scolarisation accompagnée à l’emploi accompagné. Les jeunes et les familles ne veulent plus passer par la case ESAT [établissement et service d’aide par le travail] : si les jeunes manquent de savoir-être et de savoir-faire pour intégrer le milieu ordinaire, ce n’est pas en les orientant en milieu protégé qu’ils vont les acquérir. Si on ne gagne pas cette bataille, ce sera un échec pour la scolarisation ordinaire.
(2) Le diplôme d’Etat d’accompagnant éducatif et social (DEAES), créé par un décret du 29 janvier 2016, a fusionné les diplômes d’Etat d’auxiliaire de vie sociale et d’aide médico-psychologique ainsi que la fonction d’accompagnant des élèves en situation de handicap (AESH) – Voir notre dossier juridique, dans les ASH n° 2946 du 5-02-16, p. 43.