Dans une résolution adoptée le 15 septembre à une large majorité, le Parlement européen s’oppose à ce que les Etats membres puissent déduire le nombre de Syriens relocalisés depuis la Turquie des quotas qu’ils se sont vu imposer en septembre 2015 pour la relocalisation de Syriens à partir de l’Italie et de la Grèce(1). Mais cette résolution n’a aucune valeur contraignante, et le Conseil des ministres de l’Union européenne (UE) n’est pas tenu de suivre l’avis des députés.
Pour rappel, les Etats membres de l’UE s’étaient engagés, l’an dernier, à relocaliser en deux ans 160 000 personnes ayant besoin d’une protection internationale(2). En mars 2016, la Commission européenne a toutefois proposé de modifier cette décision afin de tenir compte de l’accord conclu avec la Turquie, qui exige de l’UE qu’elle accueille un réfugié syrien de Turquie pour chaque Syrien renvoyé de Grèce vers la Turquie(3). L’idée de l’exécutif européen est de permettre aux Etats membres de déduire – à hauteur de 54 000 – le nombre de réfugiés syriens qu’ils ont accueillis depuis la Turquie du nombre de demandeurs d’asile qu’ils ont promis de relocaliser depuis la Grèce et d’Italie. Une idée à laquelle s’opposent donc les eurodéputés. « Le plan de relocalisation de l’UE doit être renforcé, et non pas affaibli », a déclaré Ska Keller (Verts/ALE, Allemagne), à l’origine de la résolution.
Pour le reste, le document appelle les Etats de l’Union européenne à faire preuve de solidarité, avant de souligner la situation humanitaire urgente en Grèce et le risque de détérioration en Italie. Les députés déplorent le peu de progrès enregistrés jusqu’à présent : au 14 septembre, 3 % seulement de l’objectif était atteint, avec 4 798 réfugiés relocalisés depuis la Grèce et l’Italie. Et exhortent les Etats membres à mettre à disposition au moins un tiers des places de relocalisation promises d’ici à la fin de l’année. Le texte demande également que les réfugiés afghans, irakiens et érythréens soient éligibles à la relocalisation au sein de l’UE. Il tient compte pour cela notamment du fait que, en 2015, les Afghans constituaient le deuxième groupe le plus important de demandeurs d’asile arrivant en Europe (environ 180 000 personnes, dont beaucoup étaient des mineurs non accompagnés avec des besoins spéciaux en matière de protection).
(1) Résolution disp. sur goo.gl/WLVpnB.