Recevoir la newsletter

Christophe Itier

Article réservé aux abonnés

« L’un de mes combats est d’assumer le fait que nous sommes une entreprise, avec, bien sûr, un objectif social prégnant, une lucrativité limitée et une gouvernance démocratique. » Directeur général de l’association La Sauvegarde du Nord, Christophe Itier, 47 ans, a un franc-parler et des positions iconoclastes qui détonnent dans le secteur social. Depuis son arrivée en avril 2010, il a bouleversé en profondeur l’association d’aide aux personnes en difficulté et l’a développée. « C’est un réformateur, qui a emmené l’association vers plus de modernité, note Sylvie Cayer, la directrice des ressources humaines. La Sauvegarde ne pouvait rester en l’état, et il croyait profondément dans la nécessité de la réorganiser. » Elle a grossi, passant de 1 000 à 1 500 salariés, avec l’absorption en 2013 de l’AREAS (50 salariés), qui accompagne les gens du voyage et les Roms, et surtout la fusion au 1er janvier 2015 avec l’Adssead, qui travaille dans le champ de la protection de l’enfance (400 salariés).

Titulaire d’un DEA en économie industrielle et management des ressources humaines, ce jeune père de famille n’est, certes, pas du sérail social, mais il a le goût de la chose publique, et l’intérêt général n’est pas une vaine notion pour lui : plutôt que le secteur privé, il a choisi de travailler auprès des collectivités territoriales, d’abord à la ville de Ronchin (Nord), en tant que directeur de l’enseignement et de la jeunesse, puis comme chargé de mission santé au conseil régional Nord-Pas-de-Calais. Christophe Itier a ensuite été secrétaire général de l’IRCEM (Institut de retraite complémentaire des employés de maison). C’est là où il a été débauché par le cabinet d’audit et de conseil Deloitte, qui recherchait un bon connaisseur des secteurs public et parapublic dans le nord de la France. « A l’époque, La Sauvegarde du Nord avait des difficultés financières et de gouvernance. J’y ai dirigé un audit, explique-t-il. Le directeur général partait à la retraite, le conseil d’administration m’a proposé le poste. » Ce qui est une manière atypique d’être recruté, au grand dam des syndicats. « Au premier comité d’entreprise, ils ont sorti une banderole “Non au business social”, pour me souhaiter la bienvenue », se souvient l’intéressé. Olivier Pira, délégué central SUD, le syndicat majoritaire à La Sauvegarde du Nord, déplore le clivage idéologique : « Son projet dénature l’objet même de l’association. »

Les recettes du privé dans la sphère publique

Certes, Christophe Itier utilise les recettes du privé. Il est arrivé dans une association où 40 établissements, chacun avec son directeur, se retrouvaient sous la responsabilité directe du directeur général. Il a instauré un niveau hiérarchique supplémentaire, en structurant La Sauvegarde du Nord par pôles. Concurrence du privé, restriction des budgets publics, il fallait faire face à des enjeux importants, explique-t-il : « Nous sommes passés d’un rôle de partenaire des pouvoirs publics à un rôle de prestataire. Et face à la raréfaction de la dépense publique, nous devons revoir nos modes de fonctionnement économique. » La Sauvegarde porte ainsi l’un des quatre projets expérimentaux des investissements à impact social(1), pour développer des alternatives au placement.

Son intérêt pour la vie de la cité – il a d’ailleurs la passion de la street photo façon reportage sur les gens dans les rues – et pour l’actualité a mené Christophe Itier vers l’engagement politique. Il est l’un des fondateurs du mouvement reGénération, qui entend « promouvoir une profonde réforme démocratique », et ne cache pas sa proximité avec les idées d’Emmanuel Macron. Dans la logique de ces engagements, il vient de prendre la présidence du Mouves, le mouvement des entrepreneurs sociaux. Pour Sylvie Cayer, « il a une vision qui dépasse La Sauvegarde ».

Notes

(1) Voir ASH n° 2961 du 20-05-16, p. 9.

Manager dans le social

S'abonner
Div qui contient le message d'alerte
Se connecter

Identifiez-vous

Champ obligatoire Mot de passe obligatoire
Mot de passe oublié

Vous êtes abonné, mais vous n'avez pas vos identifiants pour le site ?

Contactez le service client 01.40.05.23.15

par mail

Recruteurs

Rendez-vous sur votre espace recruteur.

Espace recruteur