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Les travailleurs sociaux veulent aussi entrer en campagne, sur fond de réforme des diplômes

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Militants syndicaux, éducateurs, assistants de service social, aides à domicile, étudiants, formateurs… Plusieurs centaines de travailleurs sociaux se sont rassemblés, le 8 septembre au matin, devant la direction générale de la cohésion sociale, à Paris, à l’appel des organisateurs des « états généraux alternatifs du travail social » (EGATS) – la CGT, la FSU, Solidaires, la Fédération autonome de la fonction publique, le collectif Avenir éducs, l’UNEF – et de la commission « action travail social » de Nuit debout. L’occasion pour les professionnels et futurs professionnels – mobilisés également dans plusieurs régions, dont Marseille – de faire entendre une nouvelle fois leur opposition au projet de réforme des diplômes, alors que la commission professionnelle consultative du travail social et de l’intervention sociale se réunissait pour finaliser ses propositions – qui devaient être soumises au vote le 15 septembre – sur un schéma directeur global de réarchitecture des formations. Les manifestants ont ensuite marché vers le ministère des Affaires sociales, qui n’a pas donné suite à la demande des syndicats et collectifs d’être reçus au cabinet de Marisol Touraine.

La réforme des diplômes n’est pas le seul sujet à susciter des craintes : lancée par les initiateurs des EGATS, une pétition « pour la défense des métiers et diplômes et pour l’avenir du travail social » interpelle les professionnels du secteur social et médico-social, mais aussi les élus et l’ensemble de la population, sur la qualité de la prise en charge des publics, « l’intérêt des professionnels » et, plus globalement, « l’intérêt général ». Le texte revendique notamment une revalorisation statutaire et salariale pour l’ensemble des métiers, des moyens pour les centres de formation et l’ensemble des établissements et services, l’abandon des appels à projets, l’arrêt de l’expérimentation des contrats à impact social… « Nous assistons à une sorte de retour de balancier avec une approche libérale du travail social, non pas au bénéfice de la population mais dans une logique de gestion de la pénurie. La donne financière prévaut ! », argue Christine Sovrano, membre du collectif « travail social » de la CGT. Outre les coupes claires dans les budgets de la prévention spécialisée, la crise du secteur de l’urgence sociale, ou encore les réponses défaillantes dans l’aide sociale à l’enfance, « les fusions, les absorptions et les licenciements économiques fragilisent le tissu associatif », dénoncent les initiateurs des EGATS. Dans un contexte de manque et de rationalisation des moyens dont souffrent la plupart des secteurs face à une demande toujours croissante, syndicats et collectifs comptent se saisir de la période préélectorale pour faire entrer le travail social dans le paysage politique. « Avec le tout sécuritaire, on n’ira pas sur du vivre ensemble », pointe Christine Sovrano. D’autres actions devraient suivre. « Puisque le gouvernement ne veut pas nous entendre, nous allons diffuser auprès des citoyens notre parole sur ce que l’on souhaite comme travail social », explique Nathalie Hennequin, secrétaire nationale du Syndicat national unitaire des assistants sociaux de la fonction publique-FSU. « Nous allons sortir le travail social de l’invisibilité et rendre visible notre discours », ajoute-t-elle, soulignant que « tous les mouvements de travailleurs sociaux sont en train de se relier ».

Alors que la CGT et FO ont décidé de ne plus participer aux séances de la CPC pour manifester leur opposition à ses travaux, la CFDT Santé-sociaux a tenu à communiquer sur les grandes orientations arrêtées en séance. Dans sa lettre de mission de février dernier, la secrétaire d’Etat chargée des personnes handicapées et de la lutte contre l’exclusion, Ségolène Neuville, précisait attendre de la commission, dans un premier temps, un schéma directeur global, présentant notamment le contenu d’un corpus commun de compétences, quel que soit le niveau, les conséquences à tirer du relèvement des actuels diplômes de niveau III au grade licence et les grands axes d’une modernisation de l’alternance. Selon les propositions prévues par la CPC, les formations seraient articulées autour de socles communs, dont la déclinaison sera à définir au cours de la deuxième phase du chantier, d’ici à la fin 2016, et de spécialisations, pour aboutir aux diplômes actuels, répartis en filières. Alors qu’« initialement la CPC y était assez favorable », elle ne devrait pas proposer de recréer un nouveau diplôme de niveau III, se félicite la CFDT, si ce n’est que l’instance devrait suggérer « la création d’un diplôme de management intermédiaire de niveau III pour le secteur de l’aide à domicile ». Ce qui, explique l’organisation syndicale, « garantit qu’il n’y ait pas de déqualification des professions, de baisse du coût du travail par de nouveaux diplômes de niveau III venant remplacer ceux passés en niveau II ». En outre, « le maintien des 13 diplômes existants » dans le code de l’action sociale et des familles « empêche de convertir des travailleurs sociaux en “techniciens interchangeables” », souligne-t-elle. Reste que le premier cadre général préconisé par la CPC ne sera qu’une première étape dans la réforme des formations, qui doit entrer en vigueur à la rentrée de 2018.

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