Recevoir la newsletter

Les pensées suicidaires plus fréquentes chez les Français que chez leurs voisins européens

Article réservé aux abonnés

Selon une analyse comparative menée dans quatre pays européens – Allemagne, Espagne, Italie et France – par l’IFOP pour la Fondation Jean-Jaurès(1), les Français sont plus exposés aux pensées suicidaires que leurs voisins européens. Publiée à la veille de la journée mondiale de prévention du suicide, le 10 septembre, cette étude révèle en effet que 20 % des Français ont « déjà pensé sérieusement au suicide »,contre 16 % des Allemands, 15 % des Espagnols et 12 % des Italiens. Et si ces pensées « sont le fait d’une minorité », il s’agit d’une « minorité très préoccupante ». Par ailleurs, 5 % de nos concitoyens témoignent « avoir déjà fait une tentative de suicide ayant nécessité une hospitalisation », contre une proportion de 4 % en Espagne et de 2 % en Allemagne et en Italie. « A partir de l’évolution des taux de mortalité par suicide connus pour chacun de ces pays, la hiérarchie issue de cette étude déclarative se voit confirmée. Le taux de décès par suicide est effectivement nettement plus élevé en France ; il est le plus bas en Italie », écrivent Michel Debout, psychiatre et membre de l’Observatoire national du suicide, et Adeline Merceron, du département « Opinion et stratégies d’entreprise » de l’IFOP, dans l’analyse qui accompagne les résultats de l’enquête.

L’étude revient également sur les « facteurs aggravants » des pensées suicidaires, en particulier le chômage et les conditions de travail dégradées. Dans trois pays sur quatre (Allemagne, Italie et France), le fait d’être au chômage amplifie les pensées suicidaires. En France, 30 % des chômeurs pensent – ou ont déjà pensé – « sérieusement à se suicider » et 8 % des chômeurs ont réalisé une tentative de suicide nécessitant une hospitalisation. « Pour autant, les actifs occupés ne sont pas préservés », les « plus affectés » étant ceux qui subissent des situations de harcèlement (moral ou sexuel). Parmi ces derniers, 42 % ont des pensées suicidaires (41 % en Allemagne, 47 % en Espagne et 31 % en Italie). « Les situations de stress ou d’épuisement rencontrées par les actifs constituent également des facteurs aggravants, mais dans des proportions moins marquées, soulignent Michel Debout et Adeline Merceron. C’est toutefois en France (et de loin) que les conséquences de telles réalités sont les plus fortes : près de 40 % des actifs français connaissant un état de stress majeur ou d’épuisement au travail déclarent avoir déjà eu de réelles pensées suicidaires (respectivement 35 % et 36 %, contre 20 % en moyenne dans la population générale) tandis qu’ils sont respectivement 21 % et 26 % en Allemagne, 24 % et 21 % en Espagne et 20 % et 16 % en Italie. »

Autres facteurs « fortement corrélés au suicide » : le fait d’être atteint d’une maladie chronique et la prise de psychotropes. En France et en Allemagne, près d’une personne sur deux prenant ce type de médicaments (45 %) déclare avoir déjà sérieusement envisagé le suicide. « Au-delà de la dimension personnelle du fait suicidaire, le délitement social et des relations de travail et le chômage ont des effets très délétères sur les pensées suicidaires », insistent les auteurs en conclusion. Avant de rappeler que la prévention du suicide ne doit pas uniquement relever d’une approche médicale individualisée mais que « c’est la société tout entière qui doit se sentir concernée ».

Notes

(1) Disponible sur https://jean-jaures.org.

Côté terrain

S'abonner
Div qui contient le message d'alerte
Se connecter

Identifiez-vous

Champ obligatoire Mot de passe obligatoire
Mot de passe oublié

Vous êtes abonné, mais vous n'avez pas vos identifiants pour le site ?

Contactez le service client 01.40.05.23.15

par mail

Recruteurs

Rendez-vous sur votre espace recruteur.

Espace recruteur