L’enjeu est de prendre en compte à la fois les dimensions européenne et française de l’évolution de l’environnement du travail social. Si les pays européens ont chacun leur propre histoire du travail social, ils partagent le constat d’un même mouvement : aux contraintes économiques et à la montée des besoins sociaux s’ajoute une répercussion sécuritaire des phénomènes migratoires, qui interroge la notion de respect des droits sociaux et de droits de l’Homme. Avec les changements climatiques, qui affectent les plus pauvres, on assiste à une accélération et à une aggravation des situations de détresse, de rejet, de conflit. Face à ces transformations, il est devenu essentiel de définir une approche partagée du travail social.
Celui-ci doit opérer une mutation de globalisation pour être entendu, crédible et sollicité pour le rôle qu’il peut jouer dans l’agenda des Nations unies pour le respect des droits humains et le développement durable. Le haut patronage de l’Unesco témoigne de cette perspective.
C’est une démarche et un combat. La France, où les formations sociales ont toujours été déconnectées de l’université, est un peu en retrait sur la capacité à produire des connaissances, mais la situation n’est confortable dans aucun des pays européens, si ce n’est dans quelques pays nordiques. La Grande-Bretagne est davantage dans une logique de production de recherche, mais les professionnels disposent de moyens moindres.
En Espagne, des collègues nous ont alertés sur la remise en question de départements universitaires de formations sociales. Preuve du regard critique qu’assure le travail social sur le fonctionnement de la société, à la suite du coup d’Etat en Turquie, le contenu des formations sociales est sous surveillance. Plus globalement, il existe une sorte de grand écart entre, d’un côté, des pays ayant une longue histoire du travail social et qui tardent à renouveler leurs dynamiques, et d’autres, comme la Moldavie, qui est en train de structurer une école de travail social sous l’impulsion de la société civile.
La conférence vise à permettre aux participants d’apporter leur contribution et d’échanger sur l’évolution des compétences, des apprentissages et des approches pédagogiques. Un premier sujet porte sur les méthodologies d’enseignement, la recherche et les pratiques novatrices dans les formations. Pourront y être abordés l’apport des nouvelles technologies, la participation des personnes concernées…
Le deuxième thème, axé sur les connaissances, les compétences et les valeurs, permettra de mener une réflexion sur ce qui structure les compétences fondamentales du travail social, de la licence au master, et sur l’existence d’un socle commun des connaissances en Europe, en lien avec les contextes nationaux.
Un troisième thème porte sur l’éthique, y compris celle du formateur dans la façon, par exemple, dont il associe les apprenants et les personnes concernées. Le quatrième sujet a trait aux conditions structurelles de la formation et au statut des formateurs, dans une approche comparative et dans l’idée de renforcer la dimension identitaire de l’enseignant-chercheur en travail social. Les contributions peuvent porter sur des pratiques, des recherches ou des réflexions théoriques.
Lors de présentations orales, sous la forme de vidéos et de posters, d’ateliers, ou de symposiums réunissant un groupe d’intervenants sur une thématique commune. Nous nous attendons à recevoir d’ici au 15 octobre – date de limite d’envoi des résumés – environ 400 propositions, qui vont être évaluées par le conseil scientifique d’ici à la mi-janvier. A partir d’expériences et de pratiques, elles permettront de valoriser les espaces de formation comme des espaces de construction de l’action en travail social.
(1) « Les formations en travail social en Europe : faire bouger les lignes pour un avenir durable », en partenariat avec la Fédération internationale des travailleurs sociaux – Plateforme dédiée sur