Des premiers résultats très positifs

Tous les observateurs sont d’accord : le passage par une unité d’enseignement en maternelle (UEM) va faciliter la suite du parcours des enfants. Ceux qui ont intégré l’unité de l’école Jean-Moulin à Mauguio-Carnon (Hérault) avaient environ deux ans de retard de développement à leur arrivée. « La plupart d’entre eux ont repris en moyenne une année de développement par an : ils ont acquis une autonomie durable au niveau de la propreté, de la motricité, de la communication… Même si le retard initial est en partie conservé, l’évolution de leurs compétences s’inscrit désormais dans le cadre de développement “classique” d’un enfant de maternelle », se félicite Fabien Delmas, directeur du site Hérault de Sésame Autisme Languedoc-Roussillon. « Mon inquiétude de départ, au regard de la sévérité de leur handicap, a disparu, confie pour sa part Eric Louvois, inspecteur de l’Education nationale chargé de l’adaptation scolaire et de la scolarisation des élèves handicapés au sein de l’académie de Montpellier. Les enfants de l’UEM de Maugio-Carnon ont désormais un comportement scolaire, dans une salle qui ressemble à une salle de classe, avec de bons pronostics en termes d’inclusion. » Parmi les cinq enfants qui ont quitté (à 6 ans) le dispositif en juillet, deux ont été orientés vers un institut médico-éducatif, deux sont intégrés à une unité localisée pour l’inclusion scolaire (ULIS) et un autre poursuit une scolarité ordinaire en grande section de maternelle avec un auxiliaire de vie scolaire(1). « C’était totalement inenvisageable au départ », se souvient Eric Louvois.

L’évolution est similaire au sein de l’unité d’enseignement de l’école Ariane-Icare à Strasbourg : « A leur arrivée, les enfants avaient des centres d’intérêt restreints et peu de demandes, ils faisaient par ailleurs de nombreuses crises. Ce n’est plus le cas aujourd’hui, ils se sont adaptés au rythme de la journée, acceptent les repas en commun… », relèvent Anna Goldstein et Guénaëlle Gaudré, respectivement psychologue et enseignante spécialisée de l’unité. « La propreté, l’autonomie lors des repas…, tout cela n’était pas gagné, mais a finalement été acquis au fil du temps », complète Catherine Bintz, directrice de l’IME Le Tremplin.

Même constat positif à l’UEM de l’école La Moineaudière à Metz-Magny (Moselle). « Alors qu’en début d’année, certains enfants n’arrivaient pas à supporter l’amplitude horaire de l’école [de 8 h 30 à 15 h 30], tous y sont finalement parvenus, relève Patrick Varraso, directeur de L’Oiseau bleu, le Sessad de rattachement. Ils ont évolué de façon surprenante, notamment en termes de socialisation. Désormais, ils interagissent entre eux. Le groupe forme dorénavant une vraie classe. » « La progression des enfants est assez spectaculaire, confirme Vanessa Rilly-Dorschner, orthophoniste et superviseure au sein de l’équipe médico-sociale de cette unité d’enseignement. Au départ, certains avaient un niveau d’attention conjointe[2] équivalant à un âge de 6 mois, il est de 30 mois à la fin de l’année scolaire. Le langage et la socialisation se sont considérablement développés. » En outre, à l’heure du déjeuner, les enfants ont davantage d’appétit. Les parents constatent également une amélioration de leur sommeil et une baisse des écholalies. Pour les apprentissages scolaires, le bilan est lui aussi positif : « Quatre enfants sur sept ont aujourd’hui un niveau de communication fonctionnelle qui est très bon, se félicite Patrick Varraso. Ils sont par ailleurs capables de créer des liens et d’effectuer des déductions, ce qui n’a rien d’évident pour ces enfants. »