Un accueil trop ordinaire ?

Quoi de neuf, depuis la loi du 11 février 2005, dans l’ouverture des structures collectives tout-venant aux enfants de 0-6 ans en situation de handicap ? Délaissant l’aspect quantitatif de cette question – tout en y apportant néanmoins certains éléments de réponse –, Diane Bedoin et Martine Janner-Raimondi, maîtres de conférences en sciences de l’éducation à l’université de Rouen, rendent ici compte, avec les chercheurs qui y ont participé, d’une étude tout à fait passionnante. Réalisée entre 2009 et 2012 dans des crèches et des écoles maternelles de l’Eure et de la Seine-Maritime, cette recherche a permis d’appréhender la problématique de l’inclusion à partir du point de vue de parents, de professionnels et d’enfants de grande section de maternelle, porteurs ou pas de handicap. « Le fait que des professionnels non spécialisés accueillent un jeune enfant en situation de handicap, dans des lieux ordinaires et revendiqués comme tels, interroge sur l’attention portée à ses besoins spécifiques », explique Martine Janner-Raimondi. A cet égard, tout n’est pas qu’une affaire de (bonne) volonté. De l’avis même des parents, les directeurs de crèche ou d’école et leurs équipes font ce qu’ils peuvent pour accueillir les enfants handicapés. Le problème, ce sont les conditions de cet accueil, tout particulièrement à l’école maternelle, avec des enseignants non formés au handicap et qui ont des classes surchargées et des programmes à tenir. Toutefois, à l’école comme en crèche, on s’efforce de trouver « la porte d’entrée avec l’enfant », résume un enseignant, « des petites astuces pour pouvoir le canaliser », précise un autre.