A la suite de mon intervention au Cnahes (Conservatoire national des archives et de l’histoire de l’éducation spécialisée et de l’action sociale), il y a quelques mois, Donatienne Galliot, responsable de la formation des éducateurs spécialisés sur le site Métropole lilloise de l’IRTS Hauts-de-France, est venue me voir pour me dire que notre expérience serait utile dans la préparation d’un module de formation. Très vite, nous avons commencé à travailler ensemble. Pour la première fois, les personnes accompagnées et accueillies n’ont pas simplement témoigné lors de la formation, elles ont participé à sa construction. Nous avons créé un comité d’organisation composé de Tiffany Thirolle, déléguée régionale de la FNARS (Fédération nationale des associations d’accueil et de réinsertion sociale) Nord-Pas-de-Calais, que l’IRTS a également souhaité associer, des cadres pédagogiques des trois filières concernées par la formation — les diplômes d’éducateur spécialisé, d’assistant de service social et d’éducateur technique spécialisé(1) –, de deux élus du CCRPA Nord-Pas-de-Calais – moi-même et Dominique Calonne –, ainsi que de Gilbert Pinteau, président du collectif des SDF de Lille. A chaque réunion, nous mettions nos idées sur la table, sachant que nous avions déjà élaboré, au sein du CCRPA, une parole collective sur certains sujets, nous nous répartissions les tâches et choisissions les intervenants à contacter.
Lors de l’ouverture du séminaire, j’ai partagé avec Marcel Jaeger, titulaire de la chaire de travail social et d’intervention sociale du CNAM, la présentation de son rapport sur la participation des personnes accompagnées, remis dans le cadre des « états généraux du travail social », et auquel j’ai contribué en tant que membre du groupe de travail. Nous avons souhaité que des temps soient consacrés aux échanges : la première matinée a été ouverte aux travailleurs sociaux, et sur le thème de l’emploi, le débat sur le film La loi du marché a été ouvert aux personnes accompagnées par des structures du territoire lillois et à des représentants syndicaux. Nous avons voulu associer des personnes impliquées dans le droit au logement, en invitant des membres du DAL, et des jeux de rôles ont été organisés autour des dispositifs. Notre expérience a permis de compléter les approches théoriques : sur le sujet de l’exclusion et de la souffrance psychologique, abordé par le docteur en psychologie Pascaline Delhaye, nous sommes intervenus sur l’estime de soi.
Nous avons vraiment et facilement été entendus sur nos choix. Nous avons prévu avec l’IRTS de faire une première réunion de bilan à la fin du séminaire, puis d’adresser aux 140 étudiants qui y ont assisté un questionnaire sous forme d’évaluation. Comment ont-ils reçu cette formation ? Quels sont leurs commentaires et leurs propositions pour l’améliorer ? L’objectif est que ce module soit vivant et de multiplier les formations coconstruites. Le directeur de l’IRTS, qui a soutenu la démarche, a d’ailleurs fait part de son intérêt pour la poursuivre. Le plan d’action en faveur du travail social prévoit une systématisation de la participation des personnes accompagnées dans les sessions de formation. Nous nous interrogeons au CCRPA sur ce caractère obligatoire – la participation ne peut pas être imposée –, mais espérons que des instructions sur la coconstruction seront données aux établissements de formation.
(1) La construction pédagogique de ce séminaire, commun aux ES, AS et ETS, « repose sur une entrée “secteur d’activité” permettant d’aborder plusieurs blocs de compétences », précise Donatienne Galliot, responsable de la formation des ES sur le site Métropole lilloise. « Nous sommes dans la perspective de systématiser l’apport du savoir des personnes accompagnées aux modules de formation », indique-t-elle, précisant que cette coconsruction a permis un enrichissement en matière de « choix, de modalités pédagogiques et de réseaux mobilisés ».