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Le FIPHFP fait les frais de la sécurisation des universités

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Financer la sécurisation des universités « grâce » à des sommes destinées initialement au Fonds pour l’insertion des personnes handicapées dans la fonction publique (FIPHFP) : voilà la « mesure technique » qui va permettre d’« apporter des conditions de sécurité renforcées à la rentrée 2016 » dans les universités, selon Najat Vallaud-Belkacem, ministre de l’Education nationale, de l’Enseignement supérieur et de la Recherche. Cette dernière l’a annoncé le 31 août lors de l’université d’été de la Conférence des présidents d’université (CPU), se félicitant d’avoir « demandé et obtenu la prolongation » du taux dérogatoire appliqué en 2015 aux établissements universitaires, leur permettant de ne payer qu’un peu plus d’un tiers de la somme dont elles doivent s’acquitter auprès du FIPHFP lorsqu’elles ne respectent pas l’obligation légale de compter 6 % de travailleurs handicapés dans leurs effectifs. Ce régime dérogatoire devait normalement prendre fin en 2016. Jusqu’à l’annonce de Najat Vallaud-Belkacem, qui a déclaré que « ce sont ainsi 30 millions d’euros qui seront dégagés et qui pourront être consacrés à la sécurisation technique ou humaine » des universités, répondant en cela à une « demande forte et légitime » de la CPU.

La mesure a fait bondir l’Association des paralysés de France (APF), qui dénonce une « nouvelle main basse du gouvernement sur l’emploi public des personnes handicapées »(1). Elle rappelle que c’est la troisième année consécutive que le gouvernement autorise les universités à ne pas verser l’intégralité de leur contribution au FIPHFP. « Trop c’est trop », fustige l’association, pour qui « la sécurité de tous, qui est primordiale, ne doit pas se faire au détriment des droits des personnes en situation de handicap et en particulier de leur droit au travail. » Elle tacle au passage « ce gouvernement [qui] ne cesse de remettre en cause les moyens alloués à l’emploi des personnes en situation de handicap, alors qu’en parallèle leur taux de chômage a augmenté de 130 % en sept ans, atteignant près de 500 000 chômeurs actuellement ». Même son de cloche du côté de l’Association des accidentés de la vie (FNATH), qui s’indigne de cette « nouvelle ponction inacceptable. » Non seulement cette décision « traduit le peu d’intérêt » que porte le ministère de l’Education nationale, de l’Enseignement supérieur et de la Recherche à l’emploi aux travailleurs handicapés, mais elle « ne sera pas indolore, puisqu’elle pose ni plus ni moins la question du maintien de l’existence de ce fonds », juge l’organisation.

L’annonce de la ministre suscite également des remous au sein du monde universitaire, comme en témoigne la tribune publiée le 5 septembre par un enseignant-chercheur de l’université de Nantes sur le site Internet de Libération et au titre tout sauf sibyllin : « Si tu veux des vigiles à l’université, tape dans la caisse d’insertion des handicapés. » La Fédération des syndicats généraux de l’Education nationale et de la recherche publique (SGEN)-CFDT et la CFDT Fonctions publiques ont, elles, dénoncé dans un communiqué commun un procédé « inacceptable », en soulignant que l’insertion des personnes handicapées ne devait pas « faire les frais de la sécurité ». Selon les deux organisations syndicales, cette « manœuvre budgétaire […] révèle surtout l’insuffisance des moyens accordés aux universités ».

Sollicitée par les ASH, la direction du FIPHFP n’a pas souhaité s’exprimer sur ce sujet. Son service de communication a expliqué que ses représentants étaient à l’heure actuelle en discussion avec les ministères de tutelle du fonds concernant les conséquences de cette mesure et qu’ils communiqueraient à l’issue de ces échanges.

Notes

(1) Voir ASH n° 2883 du 14-11-14, p. 14.

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