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Comment le futur camp de migrants parisien va-t-il fonctionner ?

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« C’est un enjeu de dignité humaine en cohérence avec la tradition d’accueil de notre pays », a déclaré la maire de Paris, Anne Hidalgo. « C’est un devoir inconditionnel pour un Etat de droit comme le nôtre », a renchéri la ministre du Logement, Emmanuelle Cosse. « Nous n’accueillons pas ces personnes parce que ce sont des migrants, mais parce que ce sont des personnes à la rue qui ont besoin de solidarité », a insisté le directeur général d’Emmaüs Solidarité, Bruno Morel. La solennité était au rendez-vous, le 6 septembre, sous les ors des salons de l’Hôtel de Ville de Paris, pour la présentation du camp de transit destiné aux migrants, qui doit ouvrir ses portes dans les prochaines semaines sur deux sites distincts. Le premier, à la mi-octobre, sur un terrain de la SNCF occupé par un ancien entrepôt, boulevard Ney, près de la Porte de la Chapelle (XVIIIe arrondissement) et le second, à la fin de l’année, dans l’ancienne usine des eaux d’Ivry-sur-Seine (Val-de-Marne), avec l’appui de son maire (PCF), Philippe Bouyssou.

Annoncée en mai dernier par Anne Hidalgo, la création de ce camp humanitaire – sur le modèle notamment de celui de Grande-Synthe (Nord) – est rendue nécessaire par les flux migratoires sans précédent. A Paris, ils se traduisent par la multiplication de campements de fortune où s’entassent des centaines, voire des milliers de personnes, posant de nombreux problèmes sanitaires et soumis à des évacuations répétées. Lesquelles ne permettent pas toujours la mise à l’abri de leurs occupants, même si, selon la préfecture de région, cela a été le cas pour 15 000 personnes, à la suite de 28 opérations depuis juin 2015.

Les deux installations présentées, temporaires – d’autres projets étant prévus initialement sur les sites retenus, ils devront être libérés dans deux à quatre ans –, seront dotées d’équipements modulaires, facilement démontables selon l’architecte du lieu, Julien Beller. Elles seront cependant à même d’apporter une réponse digne aux besoins vitaux, ont affirmé les différents acteurs de cette démarche partenariale. « Sa vocation première est de mettre à l’abri les personnes pendant cinq à dix jours, a précisé Anne Hidalgo, en attendant qu’elles soient orientées vers un centre d’hébergement géré par l’Etat », centre d’hébergement d’urgence, centre d’accueil et d’orientation, centre d’accueil pour demandeurs d’asile…

Concrètement, tous les primo-arrivants devront d’abord passer par le « pôle accueil », installé sur le site principal (site nord) dans un espace gonflable de huit mètres de haut, « la bulle », qui pourra recevoir une centaine de personnes par jour et où sera effectuée une pré-évaluation par les travailleurs sociaux d’Emmaüs Solidarité et les agents de l’Office français de l’immigration et de l’intégration (OFII). Le site sera complété d’un « pôle soins » et d’un « pôle transports », tandis que des artistes doivent y intervenir, à commencer par le photographe JR, a annoncé Anne Hidalgo. Le « pôle hébergement » de la porte de la Chapelle sera réservé aux hommes célibataires (avec d’abord 400 puis 600 lits disponibles, dans des « îlots » de 50 places réparties dans des chambres en préfabriqué pour quatre personnes maximum), tandis que les personnes vulnérables, c’est-à-dire essentiellement les femmes seules et les familles, seront orientées vers Ivry (350 lits).

Un protocole d’accord doit être signé prochainement entre la Ville et les ministères du Logement et de l’Intérieur pour le fonctionnement du camp. Côté budget, le coût initial du site nord, « le plus avancé », s’élève à 6,5 millions d’euros pris en charge à 80 % par la Ville de Paris, selon la municipalité, tandis que la ministre du Logement a déclaré que ce projet représentait « un investissement pour l’Etat d’au moins 15 millions d’euros par an en année pleine ».Les différents services seront encadrés par une équipe de professionnels, a souligné Bruno Morel, en précisant aux ASH que le recrutement était en cours pour doter les 180 à 200 postes (ETP) ainsi créés, en majorité des emplois d’auxiliaires socio-éducatifs devant « assurer l’accompagnement à la vie quotidienne » des personnes hébergées. Ils seront épaulés par des bénévoles, chargés de missions d’interprétariat, de la distribution des kits d’hygiène ou encore de l’animation des sites.

Par ailleurs, 17 postes doivent aussi être créés pour encadrer un autre centre d’hébergement pour migrants, qui doit prochainement ouvrir à Forges-les-Bains (Essonne) à l’initiative de l’Etat, et dont le site en travaux a fait l’objet d’un incendie dans la nuit du 5 au 6 septembre. L’enquête déterminera s’il est d’origine criminelle ou pas, mais il s’inscrit dans un climat de « forte hostilité de l’environnement », rapporte le directeur général d’Emmaüs Solidarité, qui va poursuivre les réunions d’information avec les riverains pour expliquer le fonctionnement de la structure.

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