Inspiré de faits réels observés lors de ses travaux, le dernier roman du sociologue Paul-René Cousty explore les méandres de la quête identitaire de Tahar, un jeune Kabyle orphelin dans la France des années 1980. La nuit m’a appris s’ouvre et se termine sur une rupture amoureuse et sur la promesse d’un nouveau départ. D’un énième départ, pour ce fils de harkis qui décide de raconter les quelque vingt années de sa vie qui ont suivi la disparition de ses parents dans un accident en Algérie. Placements dans des foyers, dans des structures d’accueil pour jeunes considérés comme difficiles, découverte de l’affection et de la tolérance dans une famille d’accueil du Jura, premières relations amoureuses chaotiques… Paul-René Cousty décrit sans détour les espoirs, les souffrances et les révoltes du jeune Tahar, écartelé entre ses racines, son histoire familiale et sa vie en France, entre son attrait pour la religion de ses ancêtres et le rejet de toute forme de fanatisme. Un roman qui se veut aussi le miroir d’une société dans laquelle les préjugés, l’intolérance et les phénomènes de radicalisation étaient déjà bien présents. La nuit m’a appris est l’histoire du combat que doit sans cesse mener Tahar pour trouver sa place dans la vie sans renier ces différences qui le constituent. Un combat dont le jeune homme ressort parfois « sonné comme le boxeur qui a gagné la partie mais qui s’évanouit sur le ring ». Et dans lequel il trouvera peu à peu des alliés, qu’il s’agisse de sa passion pour la musique ou des figures bienveillantes que sont Moune et Toni, ses parents de substitution, son ancienne professeure de français ou François et Henri, un couple victime d’une autre forme de discrimination. A travers ce récit romancé de la vie de Tahar, Paul-René Cousty nous rappelle également à quel point l’ignorance peut être source de violence et pourquoi il est si important de toujours faire le pari de l’éducation et de la culture. A l’instar du protagoniste, qui fera des poèmes du grand mystique persan Rûmî un rempart contre la haine et la violence.
La nuit m’a appris
Paul-René Cousty – Ed. 7 Ecrit – 20,90 €