Cette histoire devient tristement banale : celle des rêves brisés de jeunes Africains, abusés par le rêve de réussite en Europe. Celle aussi d’un business qui brasse des millions et attire des individus peu scrupuleux : le football. Sortie pendant l’Euro 2016, la bande dessinée Le contrepied de Foé raconte le périple de deux jeunes Camerounais arnaqués par un agent sportif qui leur fait croire qu’ils pourront intégrer un grand club de foot français, avant de les abandonner à leur sort. Quand « Boss » découvre Urbain et Ahmadou dans leur petit village, ceux qu’il désigne comme ses « diamants rares » ont des petites amies et des projets. Mais ce qu’il va leur promettre est tellement au-delà de leurs espérances qu’ils feront s’endetter leurs familles respectives – en passant par le système de la tontine du village – pour pouvoir partir à Paris. L’agent, futé, n’en est sans doute pas à son coup d’essai, et les deux garçons sont trop candides, au point de laisser argent et papiers d’identité entre les mains de l’escroc. Certes, Boss connaît du monde dans le milieu du football, mais si ses recrues ne charment aucun club, il ne fera pas de sentiments. Les deux jeunes garçons – ils n’ont que 16 et 18 ans – ne comprennent que trop tard qu’ils ont affaire à un véreux, et le retour au pays sans le sou n’est plus envisageable. Séparés par un concours de circonstances, ils vont avoir deux destins opposés : tandis qu’Ahmadou finit par obtenir, sous une fausse identité, un contrat dans le club de Créteil, Urbain se retrouve dans la clandestinité et (sur)vit de petits boulots, tout en continuant de taper la balle avec une équipe de sans-papiers, parmi lesquels d’autres jeunes Africains floués. N’ayant plus rien à perdre, il va tenter de retrouver Boss et d’obtenir réparation.
Le contrepied de Foé
Laurent Galandon et Damien Vidal – Ed. Dargaud – 19,99 €