« Ma fille n’aura pas d’AVS [auxiliaire de vie scolaire] pour la rentrée. L’inspection académique n’a pas reçu la notification. » « Toujours pas mon affectation en AESH [accompagnant des élèves en situation de handicap] 5e année ! » Des messages comme ceux-là, le collectif « AESH AVS-EVS parents en colère » en relayait par dizaines sur sa page Facebook et via son compte Twitter (@AvsAeshGo) à la veille de la rentrée scolaire. « A peu près la moitié des collègues ne savent pas où ils vont être affectés », confie Aurélie, qui a monté ce groupe d’échanges entre professionnels et parents il y a cinq ans, lorsqu’elle est devenue AVS. Et selon le collectif, autant d’enfants porteurs de handicap seront, au moment de la rentrée scolaire, privés d’accompagnement.
Elisabeth Boussion, présidente du Collectif 49 des précaires de l’Education nationale et membre de la coordination nationale des intermittents et précaires, se fait également l’écho des nombreux témoignages d’AVS et d’AESH reçus ces derniers jours et qui étaient encore, à la veille de la rentrée des enseignants le 30 août, dans l’attente de leur affectation : « Pour la plupart ils ne la connaissent qu’ in extremis au dernier moment ou courant septembre. Chaque année, c’est un pataquès… » Au ministère de l’Education nationale, on admet ces retards, en précisant que les « ajustements » se feront, comme chaque année, au cours des mois de septembre et d’octobre.
S’ajoute à cette incertitude récurrente, pour cette rentrée 2016-2017, la complexité entraînée par le début du remplacement progressif des contrats aidés – sur lesquels sont embauchés les AVS – par des contrats d’AESH, conformément à l’annonce du président de la République lors de la conférence du handicap, le 19 mai dernier(1). En cinq ans, 56 000 contrats aidés de 20 heures par semaine doivent ainsi être transformés en 32 000 emplois d’AESH de 35 heures hebdomadaires, au rythme de 11 200 contrats aidés par an, correspondant à 6 400 équivalents temps plein (ETP). Des chiffres confirmés par le ministère de l’Education nationale lors de sa conférence de presse de rentrée organisée le 29 août. L’institution a par ailleurs annoncé la création de 2 900 postes d’AESH supplémentaires pour cette année 2016-2017.
Objectif affiché : mettre fin au statut précaire des AVS. Cette « sécurisation » de l’emploi est cependant très relative de l’avis des principaux intéressés, voire pas du tout selon certains : « ce n’est pas une avancée, c’est une officialisation de la précarisation », s’insurge Elisabeth Boussion. En particulier parce que les chiffres officiels ne reflètent pas la réalité : rares en effet sont les AESH à signer un contrat à temps plein. « Les rectorats disposent d’un volet d’ETP mais ils le ventilent comme ils veulent », explique Antoine Jeanne, AVS dans un collège parisien et membre de la Confédération nationale du travail (CNT). Lui-même, dont le contrat se termine le 9 octobre, ne sait pas encore sous quel statut son poste sera renouvelé. Par ailleurs, certains AVS, à l’image d’Antoine Jeanne, se voient proposer des contrats AESH avec un nombre d’heures moins important qu’avant, et donc moins bien rémunérés. Quant à la « CDIsation » des AESH, elle n’intervient qu’au terme de six années consécutives en tant qu’AESH, rappelle Aurélie. Qui souligne, par ailleurs, que la transformation des AVS en AESH « se fait au hasard », sans critères clairement affichés par les rectorats, dont les pratiques sont, dans ce domaine, très disparates. Avant de rappeler la principale revendication des professionnels qui accompagnent au quotidien les élèves en situation de handicap : la titularisation au sein de la fonction publique.