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La fabrique des précaires

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« La précarité, le sentiment qu’on est à deux doigts de tout perdre, ça s’installe peu à peu […]. On commence à sortir de la vie “normale”. On se sent différent, à l’écart. » Ce que raconte Margaux Gilquin dans Le dernier salaire, c’est ce long glissement dans un monde à part, celui d’une presque quinquagénaire qui perd son emploi d’assistante de direction et s’enfonce, la peur au ventre, dans le chômage de longue durée. Ce dernier salaire, c’est la fin tant redoutée des allocations. C’est aussi la dernière fiche de paie, reçue près de sept ans plus tôt et qui a marqué le début de cet « après » où rien n’a plus été pareil, où il n’a plus été question de vie, mais de survie, où les sentiments de honte, de culpabilité et de rejet ont grignoté insidieusement l’estime de soi. Margaux Gilquin raconte les jobdatings et autres entretiens humiliants avec de jeunes directeurs des ressources humaines suffisants et « déguisés en vedettes de séries américaines », les rendez-vous inutiles et désespérants avec des conseillers de Pôle emploi et les attentes angoissées derrière un téléphone qui ne sonne jamais et une boîte d’e-mails qui n’affiche aucune réponse aux centaines de CV envoyés. Avec rage, humour et tendresse, Margaux Gilquin se fait le porte-voix de ces femmes de plus de 50 ans victimes de la crise de l’emploi et dénonce un système qui fabrique des millions de « précaires ». Elle évoque ces remplacements qui ne débouchent jamais sur un vrai CDI, les propositions loufoques, les CV distribués aux voyageurs dans l’aérogare de Roissy, les amis qui finissent par s’éloigner, parce qu’« une femme seule au chômage […], on ne sait jamais, ça pourrait être contagieux ». Puis ces moments tant redoutés, qui finissent par arriver… Le jour où il faut se résoudre à vendre la plupart de ses meubles et quitter la région parisienne pour un hébergement aux alentours de Bordeaux. Celui, enfin, où il ne reste plus pour vivre que les quelques centaines d’euros de l’allocation de solidarité spécifique. Ce livre, Margaux Gilquin l’a écrit pour se « libérer » de toute la violence subie durant ces années. Et pour ne pas baisser les bras. « Je n’abandonnerai pas ! », promet-elle en guise de conclusion.

Le dernier salaire

Margaux Gilquin – XO Editions – 16,90 €

Culture

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